Comment installer et relever des pièges pour suivre les populations ?

Avec la douceur printannière, les auxiliaires des cultures commencent à être actifs dans les parcelles. Pour accompagner les expérimentateurs souhaitant les étudier, le projet AuxiMORE a produit des outils détaillant la marche à suivre pour mettre en place un protocole simple et fiable.

Pour mettre en place une étude sur les auxiliaires des cultures, la première étape consiste à définir son objectif : quels seront les auxiliaires d’intérêt, quel niveau de précision dans les résultats est recherché…

Pour y parvenir, le projet AuxiMORE a produit un guide de terrain, à destination des agriculteurs, et un guide d’aide à l’élaboration des protocoles, utile aux conseillers agricoles et aux enseignants.

La mise en place des protocoles sur le terrain se fait au moment où les auxiliaires sont actifs dans les parcelles, à savoir du mois d’avril au mois de juillet. Il est possible de réaliser également une étude à l’automne, où des espèces différentes sont présentes.

Déterminer le nombre, la position et la fréquence de relevé des pièges

Le principe des différentes méthodes d’étude des auxiliaires est toujours le même : le dispositif est mis en place en parcelles et est relevé à intervalles réguliers. La durée de l’intervalle est à choisir en fonction du niveau d’informations recherché. Pour une caractérisation précise de la dynamique des populations, l’idéal est de relever les dispositifs une fois par semaine. Il est possible d’espacer cette durée en mettant en place les dispositifs une semaine sur deux, ou une semaine par mois.

La position des dispositifs d’étude dépend également de l’objectif. Pour étudier l’effet des aménagements extraparcellaires sur les populations d’auxiliaires, les pièges seront par exemple placés à différentes distances de la bordure de la parcelle.

Le nombre de pièges sera à déterminer en fonction de la qualité de l’information souhaitée et du temps qu’il est possible de consacrer à l’étude. Plus de pièges permettent de recenser plus d’espèces et plus d’individus, mais demandent plus de temps de relevé et d’identification. Le compromis entre précision et temps disponible est à établir.

Quatre types de pièges

Les auxiliaires de culture peuvent être spécialisés dans la régulation de certaines espèces (les larves de syrphe consomment par exemple des pucerons) ou généralistes, comme les carabes qui peuvent s’attaquer aux limaces, escargots, pucerons, cicadelles, taupins…
Généralement, les auxiliaires sont classés en deux catégories suivant leur mode de déplacement : les rampants et les volants. Cette différence détermine le type de piège à mettre en place pour étudier la biodiversité de ses parcelles.

Pour les auxiliaires rampants :

– Le pot Barber : un pot est enterré dans le sol, ses bords rasant la surface. Il est rempli d’un liquide, généralement de l’eau, du sel et du liquide vaisselle inodore, qui tue et conserve les auxiliaires. Lors des relevés, le contenu du pot est transféré dans un contenant qui sert à stocker l’échantillon en attendant de réaliser la détermination

Un pot Barber (crédit photo : Véronique Tosser – ARVALIS – Institut du végétal)

– La planche à invertébrés : ce protocole, mis en place dans l’Observatoire Agricole de la Biodiversité, consiste en une planche de peuplier non traitée posée sur le sol. Elle est retournée à intervalles réguliers et les invertébrés venus à la recherche d’un abri sont comptabilisés. Ce piège n’est pas destructif, la détermination est donc réalisée en parcelle.

Une planche à invertébrés (crédit photo : Véronique Tosser, ARVALIS – Institut du végétal)

► La planche à invertébrés est plus simple à mettre en place et à relever, mais apporte une qualité d’information différente du pot Barber.

Pour les auxiliaires volants :

– La cuvette jaune : ce piège est utilisé pour détecter l’arrivée de certains ravageurs comme les charançons, mais certains auxiliaires sont captés par ce piège, principalement les syrphes. Le piège est installé à hauteur de la culture. Le relevé consiste, comme pour tout piège destructif, à vider le piège et à transférer son contenu dans un pot pour stocker l’échantillon en attendant de réaliser l’identification.

Une cuvette jaune (crédit photo : Véronique Tosser, ARVALIS – Institut du végétal)

– Le piège cornet : ce piège d’interception destructif est généralement placé dans les couloirs de vol des auxiliaires volants, en bordure de parcelle. Il consiste en un piège ouvert d’un seul côté et qui se rétrécit jusqu’à un entonnoir auquel est relié un collecteur rempli d’alcool.

Un piège cornet (crédit photo : Antoine Martin – ARVALIS – Institut du végétal)

► Si le piège cornet est plus compliqué à mettre en place et demande un temps d’identification des auxiliaires capturés plus conséquent, la cuvette jaune est un piège attractif pour certaines espèces de syrphes, et n’est donc pas représentatif des populations présentes en parcelles.

Pour aider à la mise en place d’un dispositif et ses relevés, le projet AuxiMORE propose une série de vidéos détaillant chaque étape à suivre, pas à pas. Ces vidéos, ainsi que les guides de terrain et d’aide à l’établissement de protocoles et d’autres outils comme une clé de sensibilisation à l’identification des invertébrés, sont disponibles sur le site http://unebetedansmonchamp.fr.

AuxiMORE est un projet de recherche financé par le ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, coordonné par la chambre régionale d’agriculture de Picardie. Il a réuni entre 2012 et 2014 des organismes de recherche, des instituts techniques, des organismes de développement et des organismes d’enseignement et de formation.

Veronique TOSSER (ARVALIS – Institut du végétal)