Quelles conséquences de la verse sur les céréales lors du remplissage ?

Le temps perturbé en cours peut engendrer localement des phénomènes de verse des céréales. Leurs conséquences sur le rendement et surtout sur la qualité de la récolte vont être modulées par l’intensité de la verse et le stade des cultures lors de son apparition.

La verse, un déterminisme en deux temps

Qu’elle soit physiologique ou pathologique, la verse peut être analysée en deux temps :
– une phase de prédisposition, qui conditionne la résistance initiale de la tige. Pour la verse physiologique, le risque initial dépend principalement de la densité de tiges, de la constitution des parois et de l’allongement des entre-nœuds. Côté verse pathologique (piétin verse essentiellement), les facteurs clés sont la résistance variétale, la précocité et la sévérité de l’attaque ainsi que la densité de plantes.
– Une phase de déclenchement, qui fait basculer la plante ou plier la tige. Il s’agit alors d’un effet purement mécanique, résultant de l’effet de levier de l’épi (éventuellement chargé en eau et soumis au vent) sur la base de la culture.

Le PMG est affecté en cas de verse précoce

La verse n’intervient en général que pendant le remplissage, lorsque le poids de l’épi croît et engendre des contraintes sur la tige. Le Poids de Mille Grains (PMG) est donc normalement la seule composante impactée. Cependant, cet impact est décroissant au cours du temps : la verse va freiner l’accumulation de carbone et d’azote dans les grains. Ainsi, plus le remplissage est avancé lors de l’occurrence de la verse, moins le PMG sera pénalisé. Un abaque a été proposé à titre indicatif suite à quelques essais historiques (figure 1).

Evidemment, les conséquences de la verse dépassent la seule perte de rendement : risque de dégradation du poids spécifique (PS) et du temps de chute de Hagberg (TCH), exposition plus forte au déclenchement de la germination sur pied, salissement de la culture et du produit récolté, fort allongement du temps de récolte.
Figure 1 : Corrélation entre la note de verse et la perte de PMG

Des orges d’hiver pratiquement tirées d’affaire, des blés encore exposés

Comme l’indiquent les cartes ci-dessous, les orges d’hiver ont atteint ou dépassé la maturité physiologique (arrêt de croissance du PMG) dans la moitié Sud-Ouest, alors que les blés tendres ont seulement dépassé le stade grain laiteux pour cette même zone.


Figure 2 : Date estimée du stade maturité physiologique de l’orge d’hiver – campagne 2017

Figure 3 : Date estimée du stade grain laiteux du blé tendre d’hiver – campagne 2017

Dans les secteurs sud, l’apparition de la verse à partir de maintenant n’aura pratiquement plus de conséquences sur le rendement final. En revanche, au Nord (Beauce, Picardie, Normandie), une forte verse déclenchée ces jours-ci sur une parcelle de blé avant grain laiteux peut faire perdre 10 points de PMG, soit 20 à 25 % du poids final.

Heureusement, les conditions de montaison cette année n’ont pas été favorables à l’induction d’un risque de verse élevé : les régressions de talle ont parfois été nombreuses en lien avec l’absence de pluie. De plus, les températures élevées et les rayonnements forts de début avril ont limité l’allongement des entre-nœuds. L’occurrence de verse cette année devrait donc rester modérée, à la fois en intensité et en extension géographique.

Jean-Charles DESWARTE, Cécile GARCIA (ARVALIS – Institut du végétal)

 

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