Développement des céréales à paille : Il est encore trop tôt pour parier sur la tardiveté de l’année

Jusqu’à la semaine dernière, les températures avaient été durablement fraîches ou froides, laissant présager une fin de tallage tardive. Cependant, la forte remontée des températures au cours de cette semaine va relancer la croissance des céréales à paille. Premières estimations du stade Epi 1 cm.

Un hiver plutôt frais qui contraste avec les années précédentes

La situation évaluée au 20/02 apparaît contrastée entre la moitié Nord et le Sud-Est : dans la première zone, les cumuls de températures depuis le semis se situent en dessous des valeurs habituelles, contrairement au Sud-Est, où ils sont plutôt supérieurs. Ce contraste émane surtout de différences observées en novembre et décembre, le mois de janvier ayant été froid de manière assez uniforme.

Figure 1 : Ecart à la moyenne pluriannuelle du cumul de température du semis au 20 février (base 0°C)

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Avec le réchauffement de ces derniers jours, les températures ont nettement dépassé les moyennes saisonnières (6.4°C à Boigneville entre le 01/02 et le 22/02, contre 4.5°C en moyenne historique). De fait, les cumuls thermiques se rapprochent des normales, voire les dépassent, alors qu’ils se situaient au décile 3 il y a encore deux semaines.

Figure 2 : Evolution des températures et niveau de précipitations entre le 1er octobre 2016 et le 20 février 2017

Les températures de fin février/début mars comptent plus pour les stades que celles de l’hiver

Comme l’a montré la dernière campagne, le cumul de températures pendant l’hiver ne présage pas forcément de la précocité du stade Epi 1cm. En hiver, les plantes restent freinées par des besoins de vernalisation insatisfaits, ou des durées du jour trop courtes. Par contre, ces freins disparaissent à partir de la mi-février, et les cultures réagissent rapidement aux fluctuations de températures.

D’après notre modèle phénologique (adossé à des cas-types régionaux), le stade Epi 1cm pour 2017 ne va pas beaucoup s’éloigner des repères pluriannuels, dans l’hypothèse d’un climat à venir médian. Selon que les semaines prochaines soient fraîches (décile 1) ou chaudes (décile 9), le début de la montaison peut être respectivement retardé de 6 jours ou anticipé de 4 jours environ.

L’effet sur les cultures est pour le moment plutôt neutre, voire positif : il n’y a pas d’excès de tallage à craindre en l’état.

Figure 3 : Ecart à la médiane pluriannuelle du stade Z30, estimé au 20 février

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Des cumuls de pluies hivernaux faibles

Comme souvent mentionnés dans nos messageries régionales, les cumuls de pluie hivernaux sont faibles, surtout sur les façades Ouest et Est où l’écart à la médiane atteint ou dépasse 100 mm.

Figure 4 : Ecart à la moyenne pluriannuelle du cumul de pluie du semis au 20 février 

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A court terme, cela présente deux avantages : pas ou peu d’hydromorphie et des reliquats azotés élevés. Par contre, à plus long terme, on pourra s’inquiéter de la reconstitution incomplète des réserves en eau des sols les plus profonds, et des niveaux de nappes vraisemblablement inférieurs à la normale.

Figure 5 : Lame d’eau moyenne drainée entre les semis au 20 février 2017 pour des sols de réserve utile moyenne

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Figure 6 : Nveau estimé de reconstitution des réserves utiles des sols au 20 février 2017 – hypothèse de sols moyens

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Premières tendances climatiques pour les semaines à venir

La douceur de cette semaine devrait s’estomper progressivement pour retrouver des valeurs de saisons, avec des températures plus froides sur la première décade de mars.

Les pluies vont être de retour fin février début mars par l’Ouest, d’abord sur la moitiéNnord, puis elles gagneront tout le pays donnant un temps très perturbé (avec risque possible de neige en plaine).

A plus long terme, les tendances tablent aujourd’hui pour un mois de mars humide (+30 %) et froid (-0.5°C). Pour avril et mai, une tendance sèche devrait s’installer et, avec elle, le risque de sécheresse ; les températures resteraient au global conformes aux valeurs saisonnières (plutôt plus chaud en avril et plus frais en mai).

Jean-Charles DESWARTE, Olivier DEUDON (ARVALIS – Institut du végétal)

 

 

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