Fertilisation azotée des céréales à paille : s’adapter aux conditions sèches

Depuis le 20 mars, les pluies sont très faibles. Le dernier apport d’azote doit être raisonné au cas par cas.

Les réserves en eau sont épuisées dans les sols superficiels et le seront bientôt dans les sols profonds de certains secteurs. A l’heure actuelle, les prévisions laissent espérer des pluies significatives à partir du 26 avril.

Les potentiels en place sont très contrastés. De nombreux facteurs entrent en jeu pour expliquer les situations défavorables : type de sol, quantité de pluies reçue, disponibilité de l’azote et qualité de l’enracinement pour citer les principaux.

Dans ces conditions, le pilotage de l’azote est parfois complexe, car il faut prendre en compte l’efficacité des apports précédents, évaluer le potentiel atteignable et anticiper les pluies à venir.

Les outils de diagnostics (Farmstar, NTester…) ne sont pas remis en cause, ils évaluent bien le niveau de nutrition azotée des céréales. Mais si la carence est due à un manque de pluie après un apport d’azote, il faut évaluer la partie de l’azote de l’engrais non absorbé et encore disponible dans le sol pour la déduire du conseil. Il est de toute façon préférable d’attendre l’annonce de pluies significatives pour arrêter une décision.

Différentes situations peuvent se rencontrer dans la région

► Lorsque les apports d’azote ont été réalisés avant le 20 mars au sud de la Loire, ils ont été en général bien valorisés (cumul de pluies supérieur à 20 mm) et les outils de pilotage permettent d’affiner et de piloter le dernier apport d’azote.

► Lorsque les apports d’azote ont été réalisés avant le 20 mars au nord de la Loire, ils ont été moyennement valorisés (cumul de pluies de 10 à 18 mm). Leurs efficacités sont parfois difficiles à estimer.

► Si des apports d’azote ont été réalisés depuis le 25 mars, ils ne sont pas encore valorisés et ne sont donc pas totalement pris en compte par les outils de pilotage. Leur efficacité dépend des doses engagées, des pluies reçues depuis leur réalisation et des formes employées. Si les pluies sont très faibles ou nulles, l’essentiel de la dose apportée n’a pas été absorbé par la culture et une part importante de cet azote est encore présente dans le sol. Il faut donc la déduire de la dose préconisée par l’outil de pilotage.

Quelques propositions de raisonnement

Voici, dans les conditions exceptionnelles de cette année, un exemple de règles de décisions qui peuvent être proposées.

Si la dose apportée après le 25 mars est modérée (moins de 80 kg N/ha) et si les pluies cumulées depuis son apport sont inférieures à 5 mm (rouge dans le tableau 1), on peut considérer qu’une part encore très significative de l’engrais est présent dans le sol. Si un outil de pilotage est alors mis en œuvre, on retranchera de la dose conseillée la quantité d’azote qu’on estime encore assimilable et présente dans le sol, soit 80 à 85 % de la dose apportée si l’engrais était de l’ammonitrate (ou l’urée avec additif de type Nexen, Utec 46 ou Novius), soit 60 à 70 % de la dose apportée s’il s’agissait de solution.

Par exemple, un apport de 60 kg N/ha réalisé le 2 avril n’a reçu que 2 mm de pluie. On peut déduire de la dose conseillée par l’outil de pilotage de fin montaison :

– 60 x 0,85 = 51 kg N/ha si l’engrais employé est de l’ammonitrate,
– 60 x 0,70 = 42 kg N/ha si l’engrais employé est de la solution.
Ces estimations deviennent beaucoup plus difficiles et aléatoires si les doses appliquées sont élevées (plus de 80 kg N/ha) ou si les pluies depuis leur réalisation sont comprises entre 5 et 15 mm (en orange dans le tableau ci-dessous). Il faudra raisonner au cas par cas :

  • Si la dose préconisée est faible ou nulle, elle peut être appliquée sans risque.
    • Si la dose préconisée est élevée, son application engendre un risque de surdosage préjudiciable, il est donc possible de la modulée ou de revenir à la dose de mise en réserve de la méthode des bilans.

Attendre un épisode pluvieux

Compte tenu des conditions actuelles (sèches, venteuses, propices à la volatilisation), il sera préférable de positionner les derniers apports d’azote dès l’annonce de pluies significatives. Si la forme utilisée est de l’ammonitrate ou de l’urée avec additif (type Nexen, Utec 46 ou Novius), il sera possible d’anticiper l’arrivée des pluies de quelques jours. Si la forme employée est de la solution il sera préférable de retarder le déclenchement de l’apport jusqu’à l’arrivée de l’épisode pluvieux.

En situation irriguée, l’apport d’azote prévu par l’outil de pilotage devra être apporté avant le passage d’irrigation si aucune pluie n’est prévue.
Tableau 1 : Cumul des pluies depuis une date d’apport d’azote

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Edouard BARANGER, Michel BONNEFOY, Delphine BOUTTET, Chloé MALAVAL JUERY, Agnès TREGUIER (ARVALIS – Institut du végétal)

 

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