Maïs fourrage : Se tenir prêt à semer dès le début avril

Ni trop tard, ni trop tôt ! Le choix de la date de semis de maïs est souvent un vrai casse-tête car c’est aussi un pari sur le climat. La bonne décision est sans aucun doute de semer le plus tôt possible dans un sol ressuyé, en optimisant le choix de la précocité de la variété.

En premier lieu, l’intérêt d’un semis précoce est la mise en place précoce de la surface foliaire capable d’intercepter le rayonnement des jours longs aux mois de juin et de juillet et de maximiser la photosynthèse. On peut ainsi espérer un gain de précocité à la récolte s’accompagnant d’un léger gain de rendement dû à une durée de photosynthèse post floraison plus longue (remplissage des grains).

Une autre stratégie consiste à semer une variété un peu plus tardive, au potentiel de production plus élevé, sous réserve de rester dans une précocité adaptée à la région. Dans ce cas le gain de rendement peut atteindre 0,2 t MS/ha pour un écart de précocité de 1 % MS à la récolte.

Prendre conscience des risques des semis trop précoces

Les semis trop précoces sont exposés à des températures fraîches, et à un rayonnement limité au stade jeune de la plante donc moins favorables à la construction de la biomasse.


Figure 1 : Impact de la date de semis sur les rendements plante entière et grain du maïs

Dans cette série d’essais, pour les semis les plus précoces, le rendement du maïs fourrage est pénalisé (- 3 %) alors que le rendement du maïs grain est à son maximum.
En cas de semis précoce, des mesures ont montré que les plantes sont plus courtes et que la surface des feuilles est moindre, ce qui impacte le rendement de la partie « tige + feuilles ». Par contre, la floraison étant avancée, la période de remplissage du grain est plus longue. L’augmentation du rendement grain annule la baisse de rendement de la partie tige + feuilles. La valeur énergétique de la plante entière est plutôt améliorée en semis précoce.

D’un point de vue agronomique, la survenue d’une période froide et humide juste après le semis, comme en 2012 et 2013, constitue un risque majeur. Une durée de levée très longue qui serait suivi d’une phase d’installation de la culture en conditions froides exposerait le maïs à des problèmes agronomiques (battance des sols), et à des ravageurs (taupins, mouches), avec un risque de perte de plantes.

Il convient donc de cibler une date de semis qui permettent d’atteindre l’optimum de rendement, (tableau) en évitant les scénarios défavorables impliquant des durées semis / levée supérieures à 15/20 jours. Sur la base de ce critère et en moyenne, les semis, avant le 5 avril pour le Sud, avant le 15 avril pour le Nord, sont à risque. A cela, il est important de rappeler que l’effet du froid va au-delà de la levée et que des gelées au stade de la transition florale (7 à 10 feuilles suivant les précocités variétales) sont absolument à éviter.


Prenons un exemple

En moyenne en Hauts de France, un semis de début avril mettra une vingtaine de jours à lever, contre 12 à 15 jours seulement pour un semis de la deuxième quinzaine d’avril. On observe par ailleurs une forte variabilité suivant le scénario climatique de post-semis : de l’ordre de 25 à 30 jours en 2012 et 2013, de l’ordre d’une dizaine de jours en 2014, pour un semis de 1re décade d’avril.


Tableau 1 : Durée de la phase semis / levée en nombre de jours pour la période 1992/2011 (8 années sur 10)

La fumure starter positive en tous points

Que le semis soit précoce ou tardif, une fertilisation starter localisée, apportant phosphore et un peu d’azote, favorise toujours l’installation rapide de la culture. L’azote et le phosphore apportés par l’engrais starter sont à prendre en compte dans le raisonnement de la fumure de la parcelle.
Figure 2 : Effet sur la précocité et le rendement d’une fumure starter en fonction de la date de semis

Bertrand CARPENTIER (ARVALIS – Institut du végétal)

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