Fractionner l’apport à épi 1 cm pour limiter les pertes : un message d’autant plus vrai en 2016 !

region_nord6La reprise de végétation du blé et l’arrivée prochaine du stade épi 1 cm, prévu entre le 20 et le 30 mars selon les situations, coïncide avec un important besoin en azote. Voici les points clés pour valoriser au mieux cet apport principal dans un contexte de météo assez sec début du mois de mars.

Premièrement, il ne sert à rien d’anticiper l’apport d’azote pour les parcelles n’ayant pas encore atteint le stade épi 1 cm.

L’efficacité des engrais azotés épandus à ce stade dépend de plusieurs paramètres dont principalement le cumul de pluies après l’apport, mais aussi de la vitesse de croissance de la culture. L’apport sera d’autant plus efficace s’il bénéficie d’un cumul de pluies d’au moins 15 mm dans les 15 jours. On parlera alors d’un bon CAU – coefficient apparent d’utilisation – qui se situe entre 70 et 90 % pour un apport à épi 1 cm.

Suite aux printemps secs de 2010 et 2011, une synthèse d’essais régionaux a montré qu’anticiper de 7 à 10 jours les apports d’azote n’entraîne pas de gain de rendement significatif par rapport à une stratégie classique d’apport à épi 1 cm. Il est possible d’anticiper de quelques jours si le sec annoncé dans les jours à venir perdure, mais cette pratique se fera au détriment de la teneur en protéines.

L’efficacité de l’apport azoté peut dépendre de la forme de l’engrais

Peu de différences ont été observées entre l’ammonitrate et l’urée solide sur blé (cela est encore plus vrai pour les urées contenant un additif inhibiteur de l’uréase type NBPT). Par contre, l’ammonitrate affiche une meilleure efficacité que la solution azotée, plus sensible aux pertes par volatilisation ammoniacale. Dans le contexte de l’année, temps sec et présence de vent, on pourra être amené à majorer la dose en solution azotée de 10 % à 15 % pour compenser ces pertes par volatilisation dans le respect de la réglementation en vigueur. (Consulter la grille d’évaluation du risque de volatilisation ammoniacale du COMIFER). fiche technique pdf

Comment calculer la dose à apporter à épi 1 cm ?

Pour déterminer la dose à apporter il faut soustraire à la dose totale la quantité d’azote apportée au stade tallage et la dose d’azote réservée pour le troisième apport qui pourra être réévaluée avec un outil de pilotage type Farmstar, N-Tester, Jubil®

Si ce solde est supérieur à 100 kg/ha, il est conseillé de fractionner en deux apports. Par exemple, pour une dose de 120 kg/ha, il est conseillé de mettre 80 kg/ha à épi 1 cm et 40 kg/ha à 1 nœud. Cette pratique permettra tout de même d’utiliser un outil de pilotage dès lors que la dose est soldée avant 2 nœuds pour permettre un diagnostic fiable à dernière feuille.

Une synthèse d’essais de quatre ans a mesuré l’intérêt d’un fractionnement en quatre apport (fractionnement de l’apport à épi 1 cm) et met en évidence un gain de + 1,2 q/ha et + 0,2 % de protéines en moyenne, comparativement à une stratégie classique en 3 apports (cf. graphique ci-dessous). L’effet de ce fractionnement en quatre apports est d’autant plus positif en cas de temps sec durant la montaison, de dose importante ou de risque de verse élevé.

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Importance du pilotage en fin de cycle cette année

Cette année est atypique à plusieurs titres : peu de pluies, minéralisation assez élevée et reliquats azotés dans la moyenne avec des fortes disparités, quantités d’azote absorbées par les céréales pendant l’hiver assez importantes. Dans la méthode du bilan, ces différents éléments conduisent assez souvent à des doses totales d’azote prévisionnelles moyennes à faibles. Dans ce contexte, il sera important de réévaluer les besoins de la plante à dernière feuille avec un outil de pilotage en fonction des conditions climatiques à venir.

Anne-Sophie COLART, Thierry DENIS, Elodie GAGLIARDI (ARVALIS – Institut du végétal)

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