Quels impacts du froid sur les premières récoltes d’ensilage ou d’enrubannage d’herbe ?

dsc5Les gelées de ces derniers jours pendant les opérations de récolte soulèvent des questions sur la valeur nutritionnelle et la qualité de conservation de l’herbe récoltée en ensilage ou enrubannage.

Les jours de gel survenus la semaine dernière (0 à -3°C pendant quelques heures) lors de la phase de préfanage auront eu pour principal effet d’allonger un peu la durée de séchage au champ (moindre pouvoir évaporant de l’air) mais n’auront pas d’effet sensible sur la valeur nutritionnelle du fourrage ni sur sa conservation.

Avant la fauche

Par temps froid et ensoleillé, la photosynthèse fonctionne malgré tout et la plante sur pied a plutôt tendance à accumuler davantage de sucres solubles. En effet, les mécanismes impliqués dans la respiration (et donc la consommation des sucres produits) sont plus sensibles à la température que les phénomènes associés à la photosynthèse. Ainsi, une plante fauchée par temps froid et ensoleillé présente, sur le plan biochimique, une meilleure aptitude à l’ensilage du fait d’une teneur en sucres solubles généralement plus importante.

Au cours du préfanage

Un gel intervenant sur des plantes juste fauchées ne modifie pas directement leur valeur nutritionnelle. Quand la température est basse, les phénomènes de respiration cellulaire de la plante encore vivante (une fois coupée) sont ralentis. Par conséquent, la teneur en sucres solubles est globalement mieux maintenue que lorsque la température est élevée (> 20-25°C).

Le seul point potentiellement négatif, c’est le nombre de bactéries lactiques. Ces bactéries sont naturellement présentes sur tous les fourrages et constituent avec d’autres communautés de micro-organismes, ce que l’on appelle la flore épiphyte. Le fait qu’il fasse froid avant la fauche et lors du séchage au champ ne favorise pas leur développement. Or, ces bactéries sont bénéfiques à la bonne conservation sous forme ensilée car ce sont elles qui transforment les sucres solubles en acide lactique, abaissant ainsi le pH du fourrage pour le stabiliser.

Attention, cela ne veut pas dire que le fourrage se conservera mal. Le préfanage durant 36 à 48 h sous des températures fraîches peut compenser. Il a été montré qu’en cas de faible population bactérienne (flore lactique) sur pied, le préfanage était favorable au développement de ces bactéries.

Enfin, rappelons que la bonne conservation reste dépendante de l’atteinte d’une teneur en matière sèche adéquate (30 à 35 % MS pour les graminées et 45-50 % MS pour les légumineuses). Un tassement énergique et une fermeture hermétique sitôt après la fin du chantier assureront un démarrage rapide des fermentations efficaces.

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Pierre-Vincent PROTINAnthony UIJTTEWAAL (ARVALIS – Institut du végétal)

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