Lin fibre de printemps : Les résultats variétés 2017

L’année 2017 ne bouleverse pas le classement des variétés de lin « fibre » de printemps. Il est possible d’adapter le choix variétal à chaque contexte pédoclimatique.

Les variétés de lin fibre sont évaluées en post-inscription dans une douzaine d’essais par an sur plusieurs années car les conditions climatiques, variables d’une année sur l’autre, influencent leur comportement. La synthèse 2017 regroupe onze essais : neuf conduits en France par ARVALIS – Institut du végétal, et deux en Belgique, conduits par INAGRO.

La campagne 2017 a été marquée par des levées difficiles dans une partie des situations en raison du mois d’avril sec. Toutefois, même si une partie des essais ne comptait, en moyenne, que 1 200 à 1 300 plantes/m², ce n’est pas le facteur limitant majeur du rendement de cette année mais la pluviométrie totale pour l’ensemble du cycle de la culture. Le nord du bassin linier et quelques secteurs ponctuels ont le plus souffert du sec.

Entre les essais obtenant un rendement élevé et les essais au rendement moyen, la production de roui non battu diminue en moyenne de 30 %, et celle de lin teillé de 50 %. Le temps sec a surtout pénalisé la production de fibres longues.

Le rendement moyen en lin teillé du regroupement des essais à rendement élevé est de 19,7 q/ha. Pour les essais à rendement moyen, il n’est que de 10 q/ha, avec peu de variabilité, toutes les variétés se situant entre 9 et 11 q/ha.

La tolérance aux maladies du sol, première clé de tri

Les critères majeurs de choix d’une variété de lin sont le rendement et la richesse en lin teillé, car ceux-ci contribuent majoritairement à la recette de la culture de lin. Cependant, pour obtenir la production maximale attendue, la variété choisie doit être adaptée à sa situation. Le premier tri se basera donc sur la tolérance aux maladies du sol.

Dans les secteurs concernés par la brûlure, il faut choisir une variété très tolérante car cette maladie peut provoquer de gros dégâts. Concernant le risque de fusariose, toutes les variétés cultivées conviennent car elles sont toutes au moins assez tolérantes ; toutefois, en rotation de moins de 7 ans et dans les sols à pH très acide, il est conseillé d’opter pour une variété très tolérante à tolérante (tableau 1).

Tableau 1 : Caractéristiques des principales variétés de lin fibre
Synthèse pluriannuelle des essais (1) ARVALIS et CTPS de 2006 à 2017. Le rendement en lin teillé est égal à la moyenne ajustée calculée à partir des données des essais de 2010 à 2017.

Source : Synthèse pluriannuelle des essais ARVALIS et CTPS (2006 à 2017)
Pour 2017, le rendement retenu est le rendement moyen du regroupement des essais ayant un rendement élevé.

Le tri suivant s’appuiera sur le contexte pédoclimatique. Même si, contrairement à 2016, on n’a pas observé cette année de verse dans la très grande majorité des situations, cultiver des variétés tolérantes à la verse demeure intéressant là où elle est fréquente. Ainsi, dans les sols très riches en matière organique, Eden est à privilégier car, en empêchant la culture de verser, la variété est souvent la plus productive. En situation de risque de verse moyen à élevé, les variétés ArethaLisette et Nathalie sont conseillées : leur richesse en lin teillé est très bonne ; Aretha et Lisette ont un bon potentiel de rendement en lin teillé, alors que Nathalie est moyennement productive. Aretha conviendra aux sols à bonne réserve en eau car son rendement est pénalisé par les printemps secs. Lisette, très sensible à la brûlure, est à éviter absolument dans les secteurs à risque avéré.

Dans les situations « moyennes », qui représentent une grande partie des parcelles de lin, les variétés AramisArkéaAvianBolchoïEvéaNovéaAlizée et Christine sont bien adaptées. Avian est sensible à la verse, les autres sont moyennement sensibles. Aramis et Avian ont un très bon potentiel de rendement et une excellente richesse en lin teillé. Arkéa, Evéa et Novéa ont un bon potentiel et une très bonne richesse. Bolchoï a comme atout sa tolérance à l’oïdium ; par ailleurs, elle présente un bon potentiel mais sa richesse en lin teillé est moyenne. Alizée et Christine ont un potentiel de rendement moyen et une bonne richesse en lin teillé.

Dans les sols « peu poussants », par exemple les polders du nord de la France, il est recommandé de retenir les variétés à fort développement comme Damara ou Vivéa. Elles se distinguent chaque année par leur rendement élevé en lin teillé.

Elles produisent également beaucoup de paille (roui non battu). Leur richesse en lin teillé est très bonne. En revanche, elles sont sensibles à la verse, c’est pourquoi elles ne doivent pas être positionnées dans les situations à fort risque de verse.

Dernier critère de choix : avoir une variété précoce dans une partie de la sole de lin, même si elle est un peu moins productive, est intéressant pour optimiser l’utilisation des machines de récolte.

Des nouveautés prometteuses à suivre

Le dernier cru est très intéressant. Parmi les variétés inscrites début 2017, deux sont assez tolérantes à l’oïdium, Elïxir et Evasïon. Elïxir a par ailleurs un excellent potentiel de rendement en lin teillé, supérieur à toutes les variétés actuellement disponibles. Evasïon a obtenu un très bon rendement en lin teillé en 2016 dans les essais CTPS, probablement en raison de sa bonne tolérance à la verse, mais en 2017, son rendement est moyen.

Dauréa et Stelléa ont comme atout leur bonne tolérance à la verse. Pour ces deux variétés, il faut attendre une année de plus d’expérimentation pour mieux situer leur potentiel de rendement.

Malika est assez tolérante à la verse et a un comportement particulier. Son profil se rapproche de celui de Damara mais, lors des deux années d’inscription, en  2015 et  2016, son comportement a été un peu similaire à celui d’Aretha. WPB Felice a eu un très bon rendement en lin teillé en 2017 et une excellente richesse, tout comme lors des essais d’inscription en 2015, alors qu’en 2016, son rendement était plus moyen ; elle a probablement été pénalisée par la verse.

Notons que, pour ces nouveautés, très peu de semences seront disponibles en 2018. En cause, les faibles taux de multiplication du lin fibre : il faut plusieurs années après l’inscription avant que la disponibilité des semences soit significative.

Figure 1 : Rendement en lin teillé des variétés inscrites depuis au moins quatre ans, en pourcentage du rendement moyen des variétés présentes dans les essais de 2013 à 2017
Les chiffres indiquent le millésime (par exemple, 7=2017) et la moyenne pluriannuelle de la variété est figurée par le losange.


(1) Le réseau de ces essais a été coordonné par ARVALIS et réalisé avec le soutien du CIPALIN et du CASDAR ; avec la participation des coopératives linières Calira, L.A. Linière, Lin 2000, Opalin, de Cagny, du Nord de Caen, Agylin, du plateau du Neubourg, Terre de Lin et du Vert Galant, le Syndicat des teilleurs du Nord, La Linère du Ressault, la Linière de Bosc Nouvel, le GIE Linea, les Chambres d’Agriculture du Nord et de l’Eure, INAGRO et les établissements Brygo, Devogèle, Vandecandelaere, Lepicard et Van de Bilt.

 

Isabelle CHAILLET (ARVALIS – Institut du végétal)