Normandie : Blé tendre, les variétés recommandées en cas de semis tardif

Les arrachages de betteraves tardifs et les pluies de ces dernières semaines ont retardé les semis de blé tendre prévus. Une situation qui perdure encore aujourd’hui. Dans ce contexte, plusieurs questions se posent : quelle variété de blé tendre semer ? Quelle conduite à tenir ?

Il est encore possible de semer des céréales, à l’exception des variétés de type hiver avec une note d’alternativité de 1, 2 ou 3 sauf conditions exceptionnelles les besoins en vernalisation qui permettent la montée à épi seront satisfaits et d’éviter d’implanter les variétés trop tardives pour éviter de récolter trop tard.

La vernalisation

La vernalisation est un processus nécessaire, indispensable et préalable au passage de l’état végétatif à l’état floral. Il est acquis par un séjour de la plante à des températures basses, l’optimum se situant entre 3°C et 11°C. Au-delà, le processus est acquis d’autant plus lentement que la température s’éloigne de ces 2 seuils, pour s’annuler à des températures > 17°C ou < -4°C. Quand la température est par ailleurs trop élevée, il est alors possible que des phénomènes de « dévernalisation » opèrent : une partie de ce qui a été acquis par la plante est perdue, et il faut attendre de nouveau des jours vernalisants pour atteindre l’état acquis préalablement.

En outre, la vernalisation ne peut débuter que si le grain a germé, ce qui signifie qu’en cas de semis en conditions très sèches, si le grain ne germe pas, tout se passe comme si la date de semis était retardée.

Selon les variétés de blé, les besoins en jours de vernalisation varient de 15 jours (variétés alternatives) à 60 jours (variétés très hiver). Cette caractéristique variétale est décrite par une note d’alternativité donnée par le GEVES et ARVALIS. Les variétés de blés sont classées de très hiver (note de 1) à alternative (note de 7-8), puis de printemps (note de 9).

Quelles variétés semer ?

Pour ce type d’implantation, les conditions au moment des semis sont cruciales pour assurer un enracinement satisfaisant. Il est déconseillé de semer les variétés de type hiver puisque le principal frein à cette date est d’assurer les besoins en vernalisation de la variété.

Tableau 1 : Variétés de blé tendre recommandées pour les semis tardifs

Quelle conduite ?

Les densités de semis doivent être ajustées à la hausse. Il convient de semer 300 à 330 grains/m² en bonnes conditions. Ces densités devront être majorées de 10 à 20 % en conditions de semis moins favorables. Cependant, il vaut mieux privilégier des semis un peu plus tardifs avec des conditions d’implantation favorables que des semis réalisés plus tôt, mais « en force ». L’enracinement sera meilleur et la culture moins sensible aux stress hydriques.

Les besoins en azote devront être réajustés en fonction d’un potentiel altéré.

La protection fongicide pourra être allégée compte tenu d’un cycle plus court qui devrait se traduire par une pression plus faible des maladies. Il conviendra de suivre l’évolution des maladies dans ce contexte pour limiter éventuellement le nombre de traitement.

Quel potentiel ?

En Normandie et en particulier en bordure maritime, les pertes de rendement liées à un semis tardif sont globalement inférieures à celles subies dans les autres régions. Ceci s’explique par l’absence de grand froid durant la période hivernale (les températures accumulées pendant la phase de tallage sont rarement limitantes) et par les températures modérées enregistrées lors de la phase de remplissage du grain, période critique vis-à-vis de l’échaudage. Pour les semis de janvier, les pertes de rendements pourront avoisiner les 10 %. Pour les semis de février à fin mars, ils varieront de 20 à 40 % selon les espèces et les années.

Les pénalités sont, en tendance, plus faibles sur le littoral que sur les zones plus continentales.

Ces pertes pourront être moins importantes si les conditions climatiques courant montaison et de fin de cycle sont plutôt favorables, ou au contraire plus élevées si la fin de cycle est sèche et chaude.

Elodie JOUANNEAU (ARVALIS – Institut du végétal)
Cynthia TORRECILLAS (ARVALIS – Institut du végétal)