Pucerons sur céréales : vigilance dans les parcelles !

Dans des situations de semis précoces, des pucerons sont observés depuis deux semaines dans les parcelles*. Les températures douces et l’ensoleillement de ces derniers jours sont en effet propices à leur activité.

Les pucerons sont des vecteurs du virus de la Jaunisse Nanisante de l’Orge. Une surveillance attentive et prolongée est nécessaire pour suivre le niveau de la population et bien positionner les traitements. Attention à ne pas systématiser les traitements insecticides foliaires qui seraient inefficaces et pourraient accroître le risque de résistance.

Comment observer les pucerons dans les parcelles ?

L’observation des pucerons doit se faire par beau temps, dans les heures les plus chaudes du début d’après-midi. A ce moment-là, les pucerons sont sur les feuilles et plus faciles à observer.

Les températures douces et l’ensoleillement de ces derniers jours ont été propices à l’activité des pucerons d’automne qui en ont profité pour s’installer dans les parcelles de céréales en cours de levée.

Il faut être vigilant avec les conditions climatiques à venir. Un climat doux peut favoriser l’installation durable des pucerons dans les parcelles et augmenter le risque de transfert de viroses. L’observation doit se poursuivre tant que les conditions climatiques sont favorables.

Rappels sur le transfert du virus

Les premiers pucerons à arriver sur les parcelles de céréales en train de lever sont des femelles ailées. Elles se nourrissent en piquant les jeunes céréales. Ces pucerons sont potentiellement porteurs de virus. En piquant les plantes ils vont transmettre l’infection virale. Le virus se multipliera ensuite dans la plante. C’est la phase d’infection primaire.

Les pucerons ailés vont produire une descendance aptère qui se reproduira par parthénogénèse et se disséminera de proche en proche sur la parcelle. Les nouveaux pucerons au stade larvaire, piqueront une plante infectée pour se nourrir et seront contaminés à leur tour. Ils transmettront alors le virus aux nouvelles plantes colonisées. C’est la phase de dissémination intra-parcellaire. On assiste alors au développement de foyers infectieux.

Estimer le risque avant de décider une intervention

Pour les cultures sans traitement de semence à base d’imidaclopride, l’observation est la clé pour décider d’un traitement en végétation. Jusqu’au stade 3 feuilles, les recommandations pour l’intervention sont les suivantes :

10 % de plantes habitées ou présence > 10 jours

Le traitement en végétation agit par contact et sera donc efficace uniquement sur les pucerons présents lors de l’intervention ou en contact avec les feuilles traitées. Les feuilles émises après intervention ne sont donc pas protégées. Après une première intervention, il faut continuer à observer. En fonction des conditions climatiques, une ré-intervention peut être justifiée si les conditions sont à nouveau réunies (cf. ci-dessus).


Les céréales implantées fin septembre/ début octobre doivent donc faire l’objet d’une vigilance particulière si elles n’ont pas bénéficié d’un traitement de semences. Dans tous les cas, il faut éviter les traitements insecticides foliaires systématiques qui seraient inefficaces et pourraient accroître le risque de résistance.


Les cultures qui ont bénéficié d’un traitement de semences à base d’imidaclopride sont protégées jusqu’au stade 5 feuilles. L’imidaclopride autour de la semence se dilue dans un premier temps dans le sol avant d’être absorbé par les jeunes racines de la culture. Au-delà d’une certaine concentration de ce produit dans la plante, les pucerons s’intoxiquent lors de leur piqûre alimentaire. Plus les plantes se développent, plus la concentration dans les plantes diminue rendant nécessaire une intervention en végétation si des infestations tardives de pucerons sont avérées.


Les conditions douces et peu pluvieuses depuis début octobre ont permis la levée rapide des semis de fin septembre/ début octobre. Les traitements de semences (TS), utilisés pour la dernière fois cette année, sont efficaces jusqu’au stade 4-5 feuilles. Ce stade détermine donc la fin de la protection par le TS et le moment à partir duquel il est indispensable de débuter les observations au champ. En cas de présence de pucerons sur 10 % des plantes ou de manière prolongée -plus de 10 jours- : un traitement insecticide relais en végétation peut être nécessaire.


Retarder la date de semis pour une meilleure gestion des solutions techniques

La gravité de la Jaunisse Nanisante de l’Orge dépend de facteurs liés aux insectes (effectif, durée de présence dans la parcelle, activité mais aussi caractéristiques des virus comme la virulence et agressivité variables). Un semis précoce expose davantage les cultures à la maladie virale. Il est donc recommandé d’éviter les semis de fin septembre/début octobre et de les retarder. Dans la région, la plage optimale de semis se situe entre le 10 et le 30 octobre afin d’abaisser la pression parasitaire (ravageurs, mauvaises herbes, maladies).

BSV Normandie Céréales N°2 et N°3

Elodie JOUANNEAU (ARVALIS – Institut du végétal)
Cynthia TORRECILLAS (ARVALIS – Institut du végétal)