Rouille jaune : 2016 part sur les bases d’une pression historique

rouille_jaune_tiepolo_miniatureLes modèles partent aujourd’hui sur un risque rouille jaune plus élevé que 2014, année où les attaques précoces et intenses avaient marqué la scène parasitaire dans une grande partie de l’Hexagone.

Des conditions favorables au développement de l’inoculum

Les conditions climatiques de décembre et janvier jouent un rôle sur la quantité d’inoculum de rouille jaune disponible en sortie d’hiver. Plus l’hiver est doux et humide, plus l’inoculum de « démarrage » sera important.

Au vu des conditions de ce début d’hiver, la campagne en cours se positionne sur une trajectoire « chaude et plutôt sèche » (figure 1) : 2016 est plus chaud en moyenne de +2,9°C mais avec une pluviométrie déficitaire de 13 % sur cette période.


Figure 1 : Positionnement de l’année par rapport aux écarts de température et de précipitation enregistrés entre le 1er décembre et le 8 février (sur 73 stations météo)

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Or, les conditions optimales pour la germination des spores de rouille jaune sont réunies lorsque les températures sont voisines de 7°C avec un taux d’humidité relative à 100 %. La présence de rosée enregistrée en janvier a pu compenser le déficit de précipitations. Par ailleurs, si le vent est un vecteur de dissémination de la maladie, il peut être un frein à la germination s’il vient du Nord-Est (vent séchant). Mais les perturbations qui traversent la France depuis le début du mois de février maintiennent un taux d’humidité relative élevé.

Un risque ponctuellement plus fort que les références hitoriques

L’indice de risque Yello permet de définir des potentialités climatiques pour une variété sensible à la rouille jaune. En regardant cet indice pour la station d’Abeville, le risque est aujourd’hui aussi fort voir plus élevé que les campagnes 1974-75 et 2013-14 qui sont des références très hautes (figure 2).

 
Figure 2 : Evaluation du risque rouille jaune au cours de campagnes remarquables (indice Yello)

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La bande jaune correspond à l’apparition des premiers foyers de la maladie sur les feuilles basses.
A l’échelle de la France, la probabilité d’apparition de la rouille jaune avant l’épiaison sur variété sensible semée au 20/10/15 est très forte sur la façade Atlantique ainsi que sur la bordure maritime Nord (figure 3). Plus on se déplace vers l’Est, plus elle diminue.

Cela reflète bien les premières observations remontées du terrain.


Figure 3 : Probabilité d’apparition de la rouille jaune d’ici l’épiaison sur une variété sensible semée au 20/10/2015 (risque 2016 calculé avec le modèle Crustyello)

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Attention : être dans une zone avec un indice de 0,8, cela signifie que la probabilité de voir des symptômes de rouille jaune avant l’épiaison est de 80 %, sans préjuger de son intensité.

Par conséquent, dans toutes les régions jaune, orange, rouge (indice > 0,5), il faut surveiller les variétés de blé dites sensibles (dont la note de résistance à la rouille jaune est comprise entre 1 et 7) et traiter dès le stade épi 1 cm si des foyers sont déjà actifs.

Gilles COULEAUD, Emmanuelle GOURDAIN, Jean Yves MAUFRAS (ARVALIS – Institut du végétal)

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