Septoriose du blé : la bonne surprise du biocontrôle

Dans un essai mettant en jeu une variété de blé tendre sensible à la septoriose, une modalité 100 % biocontrôle présente une efficacité visuelle équivalente à la modalité fongicide standard. La preuve en images !

La septoriose reste la cible prioritaire de la plupart des programmes de protection du blé tendre. Depuis quelques années, les efforts s’intensifient pour identifier des solutions de biocontrôle en grandes cultures et en particulier sur le blé tendre.

Dès 2015, le soufre avait été identifié comme candidat intéressant. Intérêt qu’il a confirmé en 2016 puis à nouveau en ce début de campagne 2017.

Parallèlement, la liste biocontrôle s’est enrichie de nouvelles possibilités : certains phosphonates (phosphites) de potassium ou de sodium y sont inclus car considérés comme des substances naturelles d’origine minérale. Ces phosphonates agissent directement sur le champignon mais également par stimulation des défenses naturelles. Ils ont démontré et confirmé en 2017 une activité limitée mais significative contre la septoriose du blé.

Une combinaison expérimentale qui fait « tilt »

La tentation était forte de combiner soufre et phosphonate. Le résultat est pour le moins agréablement surprenant.

Un mélange de doses réduites de soufre avec un phosphonate appliqué 4 fois présente, plus de 30 jours après l’arrêt des traitements, une efficacité visuelle comparable à celle permise par une protection conventionnelle standard en deux passages : Cherokee puis Librax.


Photo 1 : Témoin non traité 

Variété Pakito semée le 19/10/2016 à Boigneville (91), avec trois irrigations entre le 29/04/2017 et le 01/06/2017

Photo prise le 05/06/2017 (notation le 30/05/2017 : F1 = 6 %, F2 = 5 %)

Photo 2 : Modalité « Biocontrôle » 
Mélange soufre (2400 g/ha) + phosphonate appliqués 4 fois (BBCH 31, 32, 37 et 39)

Photo prise le 05/06/2017 à T4+31 j (notation le 30/05/2017 à T4+25 j : F1 = 0,7 %, F2 = 0,3 %)
La protection est presque équivalente à la protection conventionnelle, plus de 30 jours après l’arrêt des traitements !

Photo 3 : Modalité « Protection conventionnelle » 
Cherokee 1,33 l/ha (BBCH 32) puis Librax 1 l/ha (BBCH 39)

Photo prise le 05/06/2017 à T2+31 j (notation le 30/05/2017 à T+25 j : F1 = 0,1 %, F2 = 0,1 %)
Une protection conventionnelle presque irréprochable.

Le biocontrôle en marche !

Ce résultat est certes celui d’un seul essai, dans le contexte 2017 où la pression de septoriose est presque partout faible à modérée. Mais l’essai a porté sur une variété très sensible à la septoriose (Pakito, note de résistance de 4), en situation irriguée (3 tours d’eau). La septoriose y est présente sur F3, F2 et F1 et continue d’évoluer régulièrement.

Ces premiers résultats sont donc très encourageants. Ils devront bien entendu être confirmés par la mesure des rendements, puis sur d’autres essais. Ils laissent espérer un déploiement rapide du biocontrôle pour lutter contre la septoriose du blé, voire à plus long terme, d’envisager des programmes de protection 100 % biocontrôle !

La route sera longue, les phosphonates ne sont pas autorisés sur céréales, le soufre n’a pas encore d’autorisation sur la septoriose du blé, l’équilibre économique devra aussi être pris en compte. Mais le biocontrôle est en marche, les résultats techniques sont au rendez-vous et vont, espérons-le permettre d’avancer plus vite !

Claude MAUMENE (ARVALIS – Institut du végétal)

 

 

Mots-clés: