La récolte des menues pailles : un levier complémentaire de gestion des adventices à moyen terme

La récolte des menues pailles permet d’exporter une partie des graines d’adventices de la parcelle et de limiter ainsi leur réensemencement. Les premiers résultats d’un essai montrent que cette technique pourrait venir compléter les leviers de gestion des adventices habituellement utilisés.

Les menues pailles sont rejetées par la grille supérieure de la moissonneuse-batteuse lors du nettoyage du grain. On y retrouve glumes, glumelles, brisures de pailles, petits grains et graines d’adventices. Elles peuvent être valorisées pour le paillage, le fourrage, la combustion, la méthanisation ou encore comme agro-matériaux. En plus de ces valorisations, la récupération des menues pailles présente un intérêt agronomique en limitant l’enrichissement du stock semencier de la parcelle en mauvaises herbes.

Des levées d’adventices toujours importantes

Un essai conduit par ARVALIS – Institut du végétal, en partenariat avec la chambre d’Agriculture interdépartementale d’Ile-de-France, depuis 2014 dans une parcelle de blé a permis de mesurer la quantité de graines tombées au sol lors de la moisson. Dans cet essai, la densité de ray-grass lors de la récolte est assez élevée, de 28 ± 3 plantes/m².

La récupération des menues pailles a permis d’exporter plus de 70 % des semences de ray-grass qui n’était pas tombées au sol avant la moisson (figure 1).


Figure 1 : Ray-grass tombés au sol (en g/m2) à la récolte du blé selon que les menues pailles sont exportées ou éparpillées (essai 2014-2015)

Malgré ces taux d’exportation élevés, la densité d’adventices présente à l’interculture (mesurée un mois après un déchaumage) puis dans la culture suivante en sortie d’hiver (après deux traitements d’automne) ne sont pas significativement différentes entre les modalités avec ou sans exportation des menues pailles (figure 2).

Figure 2 : Levées de ray-grass (en % du témoin éparpillé) à l’interculture puis dans la culture suivante selon que les menues pailles sont exportées ou éparpillées (essai 2014-2015)

NB : récolte du blé : le 17 juillet 2014
1er déchaumage : le 4 août 2014
Notations de levées de ray-grass à l’interculture : le 11 septembre 2014
2e déchaumage : le 29 septembre2014
Semis de l’orge : le 2 octobre 2014
1er herbicide : le 22 octobre 2014
2e herbicide : le 30 octobre 2014
Notations de levées de ray-grass dans l’orge : le 9 mars 2015

Ceci peut s’expliquer par deux raisons :

• Les levées d’adventices observées ne sont pas seulement issues des graines de l’année mais aussi de celles déjà présentes dans le stock semencier. Par conséquent, l’exportation régulière des menues pailles pourrait avoir un effet significatif à moyen terme.

• Une partie des graines de ray-grass étaient déjà tombée au sol avant la moisson, qui a eu lieu mi-juillet. Ces graines n’ont pas été comptabilisées et ne sont donc pas prise en compte dans le calcul de la proportion de graines exportées.

Une réduction plus marquée des repousses de blé

L’exportation des menues pailles permet aussi de réduire le nombre de grains de blé laissés au sol lors de la récolte, et donc de limiter les repousses à l’interculture.

Toujours dans le même essai, la quantité de grains de blé laissés au sol est très variable mais elle est en moyenne divisée par deux lorsque la menue paille est récupérée. Ceci se traduit par une réduction de la densité de repousses de blé à l’interculture de l’ordre de 40 % (mesure effectuée un mois après le premier déchaumage). La relation entre exportation des grains et limitation des repousses est plus prononcée sur le blé que sur le ray-grass, parce qu’il n’y a pas d’interférence avec le stock semencier.

Figure 3 : Repousses de blé levées (en pieds/m2) à l’interculture 2014 après exportation ou non des menues pailles (essai 2014-2015)

L’essai se poursuit en 2015 sur la même parcelle, actuellement implantée en orge d’hiver. Ceci permettra de voir l’influence d’une récolte plus précoce sur la proportion de grains exportés. L’objectif est également de voir si des différences de densité d’adventices plus prononcées apparaissent après deux ans d’exportation des menues pailles.

Pascale METAIS (ARVALIS – Institut du végétal)