Semis de maïs – La température du sol n’est qu’un indicateur partiel

Certains préconisent de semer le maïs dès que la température du sol atteint 10°C. Mais cet indicateur est très dépendant des conditions dans lesquelles sont effectuées les mesures (profondeur, heure, sur sol nu ou sous couvert). Et ce n’est surtout pas le seul à prendre en compte.

Les semis de maïs ont lieu de plus en plus tôt ces dernières années. Cette précocification est certes liée au réchauffement climatique : les températures moyennes actuelles de mi-avril sont équivalentes à celles de début mai d’il y a 30 ans ! Mais elle s’explique aussi par la volonté des agriculteurs à anticiper le semis pour notamment esquiver les stress hydriques.

La température du sol comme nouvel indicateur de semis ?

Il est couramment admis que la croissance du maïs s’optimise à des températures supérieures à 10°C. De fait, l’idée de mesurer la température du sol, de vérifier la présence de ces 10°C et d’en faire, en complément de la portance du sol, un déclencheur pour les semis est donc apparue. Mais il faut cependant faire preuve de prudence car la température du sol est une variable qui fluctue au sein d’une journée. Elle peut être influencée par la profondeur, l’heure, la couleur (albédo), l’état de la porosité du sol, la présence d’un couvert…

Une mesure assez représentative entre 9 h et 11 h

Des séries d’enregistrements ont été effectuées ces dernières années dans différentes conditions et à différentes profondeurs. Elles permettent de mesurer certaines de ces variations.

C’est à 5 cm de profondeur que la température est la plus variable et où le risque d’erreur par rapport à la température moyenne journalière est le plus important. (figure 1). A titre de comparaison, une mesure à 10 cm de profondeur est moins sujette à variation.

Sur sol nu et à 5 cm de profondeur, une prise de température entre 9 et 10 heures du matin ou autour de 20 heures semble assez représentative de la valeur moyenne qui nous intéresse. A l’inverse, une mesure entre 14 et 16 heures à peu de chance d’être représentative sauf les jours ou les écarts entre le mini et le maxi de température sont très faibles (journées nuageuses ou pluvieuses).
Figure 1 : Evolution de la température moyenne horaire du sol selon la profondeur de mesure sur la période du 21 mars au 21 mai 2014 à Montardon (64) en limons-argileux (terres noires)


La présence ou non d’un couvert végétal impacte aussi la période idéale de prise de mesure. En se comportant comme un isolant, toute couverture (un gazon, une interculture, une jachère…) tamponne cette variabilité : les risques d’erreur sont de ± 2°C contre ± 5°C en sol nu. Dans ce cas de figure, une mesure autour de 11 heures du matin semble être optimale. C’est ce qui ressort d’une expérimentation conduite en 2013 à Montardon, près de Pau (figure 2) ou d’essais menés entre 2006 et 2014 à La Jaillière, à côté d’Angers (figure 3). Dans le cas de La Jaillière, la variabilité inter-annuelle ne remet pas en cause cet horaire puisque la variabilité est seulement de ± 0,5°C à 10 cm de profondeur.
Figure 2 : Ecart à la moyenne journalière de la température du sol mesurée à 5 cm de profondeur sous gazon ou sous sol nu sur la période du 6 avril au 6 mai 2013 à Montardon (64)


Figure 3 : Ecart à la moyenne journalière de la température du sol mesurée à 10 cm de profondeur sous gazon sur la période du 21 mars au 21 mai entre 2006 et 2014 à La Jaillière (49)

Dans un sol bien ouvert, la température du sol correspond à celle de l’air

La porosité, en lien ou non avec le travail du sol, explique aussi que le sol réagit plus ou moins vite aux variations de température de l’air.

Dans un sol « ouvert » par les engins, l’influence de l’air ambiant est forte : la température de l’air correspond quasiment à celle du sol nu à 5 cm. Avec le temps et les pluies, la porosité diminue et l’impact de la température de l’air sur celle du sol est davantage tamponné.

En 2013 à Montardon (64), c’est à partir du 18 avril que la température à 5 cm de profondeur sur sol nu est moins influencée par la température de l’air et se rapproche de la température sous gazon (figure 4).
Figure 4 : Evolution de la température du sol à 5 cm de profondeur sous sol nu ou sous gazon par rapport à la température de l’air, sur la période du 4 avril au 20 mai 2013 à Montardon (64)

Attention au froid tardif

Si ces précisions permettent de limiter les risques d’erreur dans la représentativité de la valeur mesurée, il reste comme éléments à prendre en compte la probabilité du retour du froid après le semis et les impacts éventuels de ce dernier sur la plante de la levée jusqu’à la transition florale (7-10 feuilles selon les précocités variétales).

Olivier DEUDON, Laurent MAUNAS (ARVALIS – Institut du végétal)