Chaulage en grandes cultures : Viser un pH eau compris entre 6 et 6,5

chaulage14973280267426632.jpg[-1_-1xoxar]Les apports d’amendements minéraux basiques permettent d’élever le pH des sols trop acides et de le maintenir dans une gamme jugée favorable à la croissance des cultures. Viser un pH eau entre 6 et 6,5 représente un bon compromis dans une majorité de sols.

L’apport d’amendements basiques, ou chaulage, vise en premier lieu à supprimer le risque de toxicité de l’aluminium dans les sols trop acides, c’est-à-dire dont le pH eau est inférieur ou égal à 5,5.

Les bases (carbonate CO32- des amendements calcaires, ou oxyde O2- des chaux) qu’ils contiennent réagissent avec les composés toxiques de l’aluminium présents dans la solution du sol ou fixés sur le système adsorbant (argile et matière organique), afin de les inactiver.

A un pH eau de 6, tout risque vis-à-vis de la toxicité de l’aluminium est écarté.

Entre 6 et 6,5 : un pH optimal vis-à-vis de la disponibilité de l’ensemble des éléments minéraux

Sans effet notable sur la disponibilité du potassium et du magnésium dès lors que le pH eau est supérieur à 5,5, le chaulage affecte de façon diverse les autres éléments indispensables pour les plantes.

La disponibilité du phosphore dans le sol est plus faible pour un pH eau inférieur à 5,5 et supérieur à 7, et la plus élevée pour un pH eau voisin de 6.

Parmi les oligo-éléments indispensables aux cultures, le cuivre, le manganèse, le zinc et le bore deviennent moins disponibles lorsque le pH s’élève. Et des carences sévères peuvent apparaître dans certains sols au-delà d’un pH de 6,5. Dans les sols originellement acides et pauvres en ces oligo-éléments, les excès de chaulage sont dans bien des cas la première cause d’apparition des carences sévères chez les espèces sensibles. Ce risque conduit à conseiller de ne pas élever le pH eau de ces sols au-dessus de 6,5 lorsqu’il n’est pas techniquement justifié.

Quant au molybdène, c’est le seul oligo-élément dont la disponibilité croît alors que le pH augmente.

A un pH eau compris entre 6 et 6,5, la biodisponibilité est correcte pour l’ensemble des oligo éléments.

Un effet momentané sur la minéralisation de l’azote organique du sol

L’apport d’un amendement basique accroît momentanément le taux de minéralisation de l’azote organique du sol, d’autant plus que le sol est acide et riche en matière organique, et que l’augmentation de pH est élevée. C’est dans les prairies peu fertilisées que cet effet s’exprime le plus. Les fournitures d’azote par le sol peuvent ainsi être accrues de 20 à 60 kg N/ha, principalement l’année qui suit un apport d’amendement basique. Ce supplément de fourniture difficile à prévoir justifie que des outils de pilotage de la fertilisation azotée soient mis en œuvre l’année d’apport d’un amendement basique.

Des pathogènes sensibles au pH du sol

Le développement de certains pathogènes est également influencé par le pH du sol, mais parfois de façon opposée selon les pathogènes. La hernie des crucifères qui affecte le colza est par exemple beaucoup plus fréquente dans les sols acides. À l’inverse, le piétin échaudage qui affecte les céréales à paille et la gale de la pomme de terre se développent d’autant moins que le sol est acide.

Sans toutefois permettre la maîtrise totale de ce type de parasitisme, la pratique du chaulage, ou le maintien d’une acidité suffisante du sol selon les cas, peuvent y contribuer.

Dans le cas de successions culturales impliquant colza, céréales et pomme de terre, il paraît logique de privilégier les apports d’amendements basiques d’entretien juste avant l’implantation du colza.

Certains sols acceptent des pH élevés

Des effets bénéfiques du chaulage jusqu’à un pH eau supérieur à 7 ont pu être observés sur des sols limoneux ou limono sableux battants, à faible teneur en matière organique (< 1,8 %), à CECMetson faible (inférieure à 7 cmol(c)/kg), drainés, sensibles à la prise en masse les hivers pluvieux. L’augmentation de pH conjuguée à l’apport de calcium contribue au maintien de la porosité et à un meilleur enracinement des cultures d’hiver,qui peut se traduire par des gains de rendement après un hiver pluvieux.

Figure 1 : Modifications des propriétés physiques, chimiques et biologiques des sols selon le pH

Une brochure de 16 pages consacrée au chaulage

Cet article est issu d’une brochure qui vient de paraître aux éditions ARVALIS : « Le chaulage en grandes cultures et prairies ».
Ce document de 16 pages fournit les bases techniques et les règles de décisions pour optimiser la pratique du chaulage, à partir des acquis du COMIFER et des travaux les plus récents d’ARVALIS – Institut du végétal.
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                                                                                                            Alain BOUTHIER (ARVALIS – Institut du végétal)