Campagne 2020 – Maïs fourrage : ne pas négliger le risque pyrale

En matière de protection contre la pyrale, la pression plus faible de la campagne 2019 ne doit pas conduire à relâcher la vigilance en 2020.

Des panicules ou des tiges cassées, des épis perforés…, la présence de la pyrale peut être observée dans de nombreux secteurs de culture du maïs fourrage, y compris au nord de la France.

La lutte nécessite d’abord une bonne gestion des résidus de récolte. Dans les situations les plus à risque, une intervention avec des trichogrammes ou un insecticide de synthèse permettra de préserver rendement et qualité sanitaire.

Des pertes potentielles de rendement et de qualité

Les dégâts occasionnés par les larves de pyrale sont de plusieurs natures :
– perte de rendement par défaut d’alimentation de la plante ou par pertes d’épis (casse de tige ou de pédoncule),
– perte de valeur alimentaire par défaut de remplissage du grain et baisse de qualité de la partie « tige + feuilles »,
– risque d’installation des fusarioses et donc production possible de mycotoxines.

Compte tenu de la précocité de la date de récolte, on pourrait penser que l’impact de la pyrale est moins important sur maïs fourrage que sur maïs grain. Les essais conduits par ARVALIS montrent cependant une nuisibilité non négligeable. En situation de pression moyenne, en absence de traitement, on enregistre une perte de rendement de l’ordre de 5 % (moyenne de 10 essais), soit 750 kg MS pour un maïs à 15 t MS/ha.

En situation très infestée, la perte de rendement peut être supérieure à 1 t MS/ha, avec des teneurs en mycotoxines qui peuvent poser des problèmes d’utilisation par les animaux.

La lutte prophylactique en priorité

La pyrale hiverne à l’état de diapause dans le bas des tiges de maïs et passe très bien l’hiver, même les plus froids. Pour réduire les populations, un broyage des cannes, fin et au ras du sol, est indispensable, sitôt la récolte du maïs grain. L’enfouissement des résidus réduira encore les chances de survie des larves. Pour être pleinement efficace, cette technique doit être mise en œuvre sur toutes les parcelles de maïs grain dans un secteur donné, voire sur les chaumes des parcelles de maïs fourrage les plus infestées.

La décision de traiter doit être prise en fonction des observations réalisées l’année précédente. Les situations les plus à risque concernent les parcelles avec un historique de dégâts, en précédent maïs ou avec une gestion insuffisante des résidus. Le Bulletin de Santé du Végétal fournit des informations pour caractériser le risque à l’échelle d’une petite région (nombre de larves ou de galeries par plante à la récolte).

Traiter dans les situations les plus à risque

Les producteurs disposent de deux techniques de lutte directe ayant fait leur preuve : une solution de biocontrôle, les trichogrammes, ou des insecticides de synthèse. Quel que soit la technique utilisée, son efficacité dépendra du bon positionnement du produit :
– les trichogrammes visent les premières pontes et doivent donc être positionnés en début de vol de papillons de pyrale,
– les insecticides ont une action essentiellement larvicide. Ils doivent être positionnés au plus proche du pic de vol de pyrale afin de toucher le plus grand nombre de larves possible.

Les informations sur la dynamique du vol de pyrale (piégeage de papillons, suivi de chrysalidation) sont fournies par le BSV et autres réseaux d’observations.

L’utilisation des trichogrammes nécessite une commande précoce du produit et de bonnes conditions de mise en œuvre. Ils sont naturellement plus sensibles aux conditions d’application que les insecticides. Au contact du sol, exposés à la chaleur, leur efficacité peut être fortement réduite. En cas de lâchers précoces, sur des maïs peu développés, les diffuseurs doivent être accrochés sur des tuteurs ou protégés par un étui. Dans ce cas de lâchers sur maïs peu couvrants, la forme capsules est déconseillée.


En situation très infestée les dégâts liés à la pyrale peuvent provoquer des chutes de rendement supérieures à 1 t MS/ha sur maïs fourrage.

Les trichogrammes : une solution de biocontrôle à l’efficacité comparable aux insecticides

Les trichogrammes (Trichogramma brassicae) sont des micro-hyménoptères (taille inférieure à 1 mm), auxiliaires spécifiques de la pyrale du maïs. La femelle de ce parasitoïde pond ses œufs directement dans les œufs de son hôte, empêchant ainsi la naissance des chenilles ravageuses. Le lâcher de trichogrammes doit être réalisé au tout début du vol de pyrale, afin de limiter la proportion d’œufs de pyrale viables. Les diffuseurs déposés sur les plantes contiennent des œufs à différents stades. La sortie échelonnée des trichogrammes adultes permet ainsi de mieux couvrir la période de ponte des pyrales.
Dans des bonnes conditions de mise en œuvre, ce moyen de lutte présente une efficacité comparable aux insecticides conventionnels. Le coût est de l’ordre de 38 à 45 €/ha en application manuelle (environ 5 ha/h), contre 25 à 50 €/ha pour les insecticides de synthèse (coût du passage compris). La solution la plus utilisée est sous forme de diffuseurs à accrocher à l’aisselle des feuilles. Les formes capsules peuvent être distribuées mécaniquement par drone (+15 €/ha).


Les diffuseurs contiennent des œufs de trichogrammes à différents stades. Les adultes émergeants vont aller pondre dans les œufs de pyrale, empêchant ainsi leur développement.