Céréales à paille : priorité au contrôle des graminées !

Les températures radoucissent en cette sortie d’hiver… la plupart des sols sont ou seront bientôt portants. Il conviendra alors de désherber les parcelles qui le nécessitent. Cette année, il sera d’autant plus facile de le faire avant les premiers apports azotés au vu des reliquats généralement élevés dans notre région.

Si l’hiver a permis de limiter le développement des adventices, les désherbages d’automne ont pu être pénalisés par le manque d’eau.

Si les conditions automnales ont permis de nombreuses interventions, le sec a pu pénaliser leurs efficacités, comme par exemple les prélevées des semis précoces. Quand c’est encore possible (graminées non résistantes), il conviendra de compléter leurs actions par un rattrapage en sortie d’hiver.

Pour les parcelles non encore désherbées depuis le semis, il conviendra de ne pas trop tarder !

Les antigraminées foliaires à l’épreuve de la résistance !

Le contrôle des graminées en sortie d’hiver repose toujours sur deux modes d’action (groupes HRAC A et B) très touchés par des phénomènes de résistance, en particulier dans notre région.

Tableau 1 : antigraminées disponibles (hors anti-bromes) sur blé tendre

Il est illusoire de penser que les associations de deux produits A+B à des doses réduites pourront résoudre un problème de résistances :
– leurs efficacités sont généralement inférieures à la dose pleine du produit le plus efficace du mélange.
– de telles associations favorisent la sélection de populations résistantes à ces deux modes d’action.

Une application de deux produits A + B aux doses pleines peut être une solution de secours quand on ne connait pas le statut de résistance de sa parcelle. Cette solution est chère (autour de 100 €/ha !) et sans garantie d’efficacité. Une succession des produits (Produit B puis Produit A) à pleine dose peut être préférée pour rechercher des conditions d’efficacité plus optimales de l’antigraminée foliaire du groupe A. Dans cette situation, le délai entre les deux applications doit être court : 2-3 semaines max, afin de ne pas mettre le deuxième produit dans des conditions défavorables à son efficacité (stades très développés notamment). Il sera toujours possible de ne pas appliquer le second produit en cas de très bonne efficacité du premier.

Intervenir tôt et si possible en conditions optimales

Si le stade des adventices est à privilégier (= stade jeune), il est important de rechercher les meilleures conditions d’application possibles.
Tableau 2 : différents facteurs influencent l’efficacité des traitements 


Si une application d’engrais liquide ou de produits “correcteurs de carences” est envisagée, respecter un délai d’au moins 7 jours. Une phytotoxicité en sortie hiver sera toujours plus pénalisante que celle d’automne.

Avec ou sans Actimum ?

Si l’ajout d’adjuvant est toujours gagnant sur graminées (plantes peu mouillables), la question de celui de sulfate d’ammonium (ex : Actimum : 1 l/ha) se pose avec les antigraminées du groupe B.

L’adjonction de sulfate d’ammonium à un mélange antigraminée ALS ayant une formulation WG + huile a fait ses preuves. Des essais conduits sur plusieurs années ont montré un effet positif significatif bien que celui-ci ne soit pas lié à la dureté de l’eau (présence d’ions Ca2+, Mg2+, Fe2+) ni au pH (ions H+) (+ 10 points en moyennes sur plus de 70 données avec un ajout de 1 l/ha d’Actimum).

L’utilisation d’Actimum avec des formulations OD permet également un gain de quelques points d’efficacité. En présence de ces produits aux formulations huileuses, Actimum accentuera les phénomènes de phytotoxicités, provoquant des marquages sur certaines parcelles. A noter que le mélange Huile 1 l + Actimum 1 l, ne fait pas partie des recommandations de Bayer, avec Atlantis Pro et Archipel Duo (sauf cas particuliers).

Sur blé dur, l’ajout d’Actimum est aujourd’hui déconseillé avec Abak/Quasar ainsi qu’avec les formulations OD : Archipel Duo, Atlantis Pro.

Et il est généralement déconseillé en cas de présence d’un antidicotylédone (se renseigner auprès de son fournisseur).

Attention, l’intérêt des adjuvants huiles et mouillants, mais aussi du sulfate d’ammonium ne compensera pas un problème de dérive d’efficacité lié à une population résistante. Ces produits n’apportent pas d’efficacité intrinsèque et permettent uniquement d’optimiser l’efficacité de certains herbicides.


fiche technique pdf iconeTéléchargez l’ensemble de nos préconisations en matière de désherbage de céréales à paille.



Edouard BARANGER, Michel BONNEFOY, Delphine BOUTTET, Chloé MALAVAL JUERY, Agnès TREGUIER (ARVALIS – Institut du végétal)

 

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