Localisation de l’engrais au semis : attention aux phénomènes de phytotoxicité

parcelleSur le plan agronomique, localiser l’engrais au semis est une pratique intéressante. Mais des phénomènes de toxicité, appelés aussi « brûlures », peuvent se produire dans certaines conditions. Cinq essais ont permis d’établir les clés de gestion du couple engrais/mode de positionnement afin d’éviter les mauvaises surprises.

Pour les engrais P ou K, positionner l’engrais à proximité des futurs radicelles est judicieux car ces éléments sont peu mobiles dans le sol et l’essentiel des besoins de la culture se manifeste durant les tous premiers stades. Par contre, pour l’azote, l’intérêt réside non pas dans la proximité des racines avec l’engrais mais dans le phénomène d’enfouissement puisque cet élément est sujet aux pertes gazeuses par volatilisation ammoniacale.

Cependant, la proximité de l’engrais avec la semence peut induire des brûlures. Cela va affecter la germination de la graine/jeune plantule et se traduire par des pertes à la levée.

La toxicité ammoniacale et la variation de pression osmotique de la solution du sol en sont les deux principales causes. Face à ces deux phénomènes, il existe plusieurs facteurs d’importance sur lesquels il est possible d’agir, plus ou moins facilement : la dose et le type d’engrais (teneur en NH4+/ salinité) et le mode de placement de l’engrais.

Des brûlures proportionnelles à la dose d’engrais

La toxicité induite par la localisation d’engrais azoté au semis a été directement mesurée lors de cinq essais ARVALIS – Institut du végétal conduits sur orge de printemps de 2009 à 2014 par des comptages de pieds à la levée (figure 1).

Sur les deux modes de localisation d’engrais testés (engrais et semence dans le même sillon ou engrais positionné juste au-dessus de la semence), on constate tout d’abord qu’il peut y avoir des pertes à la levée et qu’elles sont globalement proportionnelles à la dose d’engrais apportée.

Concernant les formes d’engrais testées, on observe deux comportements opposés : pertes de pieds très importante avec l’urée alors qu’elles sont faibles avec l’ammonitrate. Testé uniquement sur un seul essai, le Nexen (associant urée et un inhibiteur d’uréase, le NBPT) a un comportement assez proche de l’ammonitrate.

Par ailleurs, plus l’engrais est proche de la semence, plus le risque est important.


Figure 1 : Relation entre les pertes à la levée (par rapport à un apport en surface), la dose d’azote localisée et la forme d’engrais utilisée – 5 essais ARVALIS 2009-2014 sur orge de printemps

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Les pentes des régressions linéaires sont significatives au seuil de 1 %. Les régressions linéaires sont statistiquement distinctes entre elle au seuil de 1 % (comparaison par modèles emboités).

Gérer au mieux le couple engrais/mode de positionnement

Les différentes essais présentés dans la figure 1, les autres essais conduits par le passé avec des formes ammonitrate et urée et notre expertise globale du sujet nous ont permis de construire un tableau de risque croisant type d’engrais et mode de localisation.


Tableau 1 : Niveau de risque de pertes à la levée selon la forme et le mode de placement de l’engrais

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Le risque indiqué concerne les pertes à la levée. Celles-ci peuvent être totalement ou en partie compensées au cours du cycle lors de la mise en place des autres composantes de rendement (tallage, fertilité épis et PMG).

Damien BRUN, Jean-Pierre COHAN (ARVALIS – Institut du végétal)

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