Rouille jaune : un choix multiple de spécialités performantes

Sur rouille jaune, la lutte fongicide ne présente pas de difficulté particulière, du fait que les produits à base de triazole (ou double triazole) ont une efficacité très satisfaisante. Ils peuvent être complétés éventuellement par une strobilurine. Les produits à base de SDHI sont à réserver pour les T2 afin de bénéficier de leur meilleure efficacité sur septoriose.

Lors de la campagne 2015/2016, deux essais (27 et 59) ont été conduits sur variétés très sensible (Alixan et laurier) avec un niveau de rouille jaune très important (60 % sur feuilles). Côté nuisibilité, un écart de 54,1 quintaux a été mesuré entre la meilleure modalité et le témoin non traité, celui-ci affichant un rendement de 38 q/ha.

La comparaison des différentes modalités est réalisée après une application à dernière feuille étalée. Même si la maladie a été observée fréquemment les mois précédents, elle n’était pas présente sur les deux dernières feuilles lors des interventions. Le coût des produits testés avoisine 50 €/ha pour les doses retenues.

Des efficacités autour de 90 %

Pour l’ensemble des modalités, les efficacités atteignent de très bons niveaux sur les deux essais, avoisinant les 90 %. Cela s’explique par le positionnement préventif des applications du fait de l’apparition très tardive de la maladie sur les feuilles supérieures. La rouille a toutefois continué d’évoluer sur les témoins non traités entraînant une très forte nuisibilité. Pour les parcelles traitées, cette activité tardive de la maladie se traduit par un besoin de persistance pour assurer la protection durablement. Ainsi, même si les rendements ne montrent pas de différences significatives, des écarts importants sont visibles entre les produits.

L’essai de l’Eure (27) ayant également été attaqué par du Microdochium, il est difficile de faire la part de sa nuisibilité par rapport à celle de la rouille jaune.
Figure 1 : Efficacités et rendements de différentes associations sur rouille jaune du blé – 2 essais : 27 et 59

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La comparaison entre les deux nouveautés Kardix* (prothioconazole 130 g/l + bixafen 65 g/l + fluopyram 65 g/l) et Elatus Era (prothioconazole 150 g/l + benzovindiflupyr 75 g/l) montre que le premier devra sûrement être renforcé par une strobilurine alors que le deuxième pourra être utilisé sans complément antirouille. Les associations avec Elatus Plus et un partenaire (Cherokee, Cermira ou Metcostar 60) donnent toutes de bons résultats tant en efficacité qu’en rendement.

Des performances à relativiser

Les écarts entre la meilleure efficacité (93 %) et la moins bonne (89 %) sont donc relativement faibles, ce qui sous-entend que tous ces produits sont performants. Sans doute en raison d’une rouille jaune qui n’a jamais explosé mais qui a tout de même entraîné une très forte nuisibilité. Il faut donc rester prudent dans l’exploitation de ces essais qui montre des écarts parfois difficilement explicables et non significatifs.


* Autres noms commerciaux de Kardix : Keynote, Macfare, Veldig et Yoneero

Jean Yves MAUFRAS (ARVALIS – Institut du végétal)

 

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