Stockage de grains d’orge La ventilation séchante : une technique efficace en cas de récolte humide

Dans le cas de récolte un peu trop humide (teneur en eau des grains entre 16 et 18 %), le recours à la ventilation « séchante » est une technique efficace si elle est conduite avec rigueur. Retour sur les enseignements d’un essai réalisé sur de l’orge récoltée précocement.

En céréales, dès lors que la teneur en eau des grains avoisine 15 %, il n’y a plus de risque de dégradation métabolique au cours du stockage. En revanche, si cette teneur est supérieure, il faut passer par une étape de séchage plus ou moins intense avant de mettre la récolte en silo. La ventilation séchante s’utilise sur des lots dits « un peu trop humides » ne dépassant pas 18-20 %. Au-delà de ce seuil, il faut pratiquer un séchage conventionnel en séchoirs.

Le séchage s’opère par couche

Les équipes d’ARVALIS – Institut du végétal et du CETIOM ont mesuré les performances d’un système innovant de ventilation séchante mis en place sur l’EARL Montvert de Jean-Claude Chibarie en Haute-Garonne. Dans cette exploitation de grandes cultures, l’orge est récoltée avant fin juin pour permettre le semis d’un soja en culture dérobée qui sera lui-même récolté un peu trop humide (courant octobre).
Cette rotation de cultures amène à devoir retirer quelques points d’humidité à une orge et un soja récoltés précocement.
Dans ce système, la ventilation s’appuie sur l’air légèrement réchauffé récupéré sous une toiture en panneaux photovoltaïques. Des sondes enregistrent toutes les heures la température et l’hygrométrie de la cellule sur toute sa hauteur de remplissage (entre 3 et 6 m).
Les résultats observés sur orge (tableau 1) mettent en évidence le phénomène de séchage par couches (figure 1) et permettent d’extraire quelques recommandations de pilotage.


Figure 1 : Circulation de l’air dans une cellule au cours de la ventilation séchante.

Tableau 1 : Efficacité de la ventilation séchante sur des lots d’orge selon la durée de ventilation.

Limiter la hauteur des tas à 6 m

L’air de ventilation se charge en humidité de bas en haut jusqu’à ce qu’il arrive à saturation. Il passe alors dans les couches supérieures sans effet séchant.
Il est donc recommandé de limiter la hauteur de la masse à sécher pour éviter tout risque de dégradation des couches supérieures avec l’allongement de l’opération.

Contrôler l’hygrométrie de l’air de ventilation

L’hygrométrie de l’air de ventilation doit être inférieure à la valeur d’équilibre correspondant à la teneur en eau finale des grains pour que le phénomène de séchage ait lieu (figure 2).
Par exemple, pour l’orge, l’air de ventilation doit présenter une hygrométrie comprise entre 80 et 70 % pour ramener les grains à une teneur en eau voisine de 14 % ± 0.5. Les consignes, comparables pour le blé, sont différentes pour le soja.
En conséquence, l’hygrométrie de l’air doit être régulièrement contrôlée et notée sur un cahier de suivi du séchage.


Figure 2 : Courbes d’équilibre de la teneur en eau des grains en fonction de l’hygrométrie de l’air de ventilation.

Contrôler la teneur en eau des grains de la couche supérieure

Le front de séchage évoluant du bas vers le haut (figure 1), il est indispensable de contrôler régulièrement la teneur en eau des grains de la couche supérieure pour décider de l’arrêt de la ventilation séchante.

A retenir : ventiler en continu 2 à 6 jours avec un air sec et réchauffé

En pratique, cette technique peut s’appliquer sur tous types de grains et graines (céréales, oléagineux, protéagineux) pour faire perdre 3-5 points d’humidité au maximum. L’air doit être sec et légèrement réchauffé, d’une température supérieure de 5°C à la température ambiante pour une hygrométrie comprise entre 50 et 75 %.

Disposer d’un équipement adapté

– Une cellule ou case à fond perforé ou équipée de gaines de répartition de l’air.
– Un ventilateur, centrifuge, avec un débit qui atteint jusqu’à 100-200 m3/h/m3 de grains.
– Un générateur d’air chaud en amont du ventilateur afin de privilégier une conduite continue jour et nuit et par tout temps.
– Un hygrostat ou mieux une automatisation pour piloter le générateur d’air chaud et le mettre en marche dès lors que l’hygrométrie de l’air est supérieure à la consigne fixée et l’arrêter lorsqu’elle est inférieure à cette consigne afin d’éviter le sur-séchage.

Amandine BONNERY, Régis COUDURE (ARVALIS – Institut du végétal)