Vague de froid : peu de conséquences à craindre pour les céréales à paille

Un épisode de froid intense, le premier depuis février 2012, touche la France et devrait durer jusqu’à mardi prochain. Qu’en est-il de la capacité de résistance des céréales ? Un certain nombre d’éléments laissent penser que les risques sont faibles pour la plupart des situations.

Les céréales à paille ont des niveaux de résistance variables en fonction de l’espèce, de la variété, et des conditions d’arrivée du froid :
• En matière de résistance au froid, on retient en général le classement suivant : orge de printemps < blé dur < orge d’hiver < blé tendre < triticale < seigle.
• Les différences variétales sont évaluées (pour les espèces d’hiver) lors de leur inscription et les notes de résistance sont indiquées dans les fiches descriptives des variétés. Attention toutefois, les échelles de résistance sont propres à chaque espèce.
• Les conditions d’apparition du gel vont définir le niveau d’endurcissement des plantes, endurcissement qui est possible tant que le stade de transition florale n’est pas atteint, et que les températures sont proches de zéro.

Un scénario climatique plutôt favorable à l’endurcissement

Les conditions climatiques de l’année sont favorables à l’obtention d’un haut niveau de résistance des plantes :
• Les cultures ne sont pas trop avancées, l’automne ayant été plus frais qu’en moyenne (carte 1). Cela avait été le cas par exemple en février 2012.
Carte 1 : Ecart des sommes de températures moyennes (base 0) du 1er octobre 2016 au 14 janvier 2017 par rapport à la médiane 1995-2016

Les nombreuses gelées de ces dernières semaines ont permis d’atteindre de hauts niveaux de résistance et l’absence de journées douces n’a jamais conduit à un éventuel désendurcissement.
• Les rayonnements élevés depuis la levée ont également aidé à l’élaboration d’une résistance élevée, en soutenant le métabolisme nécessaire (accumulation de métabolites).
• Les prévisions des prochains jours annoncent des températures minimales de 4 à 8°C en dessous des normales. Les zones les plus touchées seront localisées dans l’Est et le Centre, et dans les zones montagneuses. Seuls le pourtour méditerranéen et la façade Atlantique enregistreront des températures plus clémentes. Néanmoins, l’épisode devrait être de courte durée (4 à 6 jours) avec des cycles gel-dégel limités. C’est ce qu’indique un modèle « résistance au gel » construit par l’INRA (figure 1).
Figure 1 : Visualisation des variations de résistance au froid
Le niveau de résistance est identifié par la courbe verte ; des dégâts apparaissent lorsque les températures minimales sous abri (courbe bleue) passent en dessous du niveau de résistance.

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On observe :
– l’apparition progressive de la résistance au froid avec les premières gelées (1),
– la perte de résistance au froid mi-novembre lorsque les températures remontent au-dessus de 10°C (2),
– un épisode « à risque » les 30/11-01/12 (3),
– un niveau de résistance actuellement élevé (4), tant que les plantes ne s’approchent pas du stade transition florale.

Quels pronostics ?

Ainsi, il n’y a pas lieu de s’alarmer outre mesure au sujet des conséquences de l’épisode de froid de cette semaine. Les températures ne devraient pas descendre à des niveaux occasionnant des pertes significatives de pieds ; cependant, il est probable qu’avec le vent froid annoncé, une partie des feuilles soit détruite (sans davantage de conséquences). La majorité des cultures devrait donc passer à travers cet épisode de gel.

Les cas à risque sont les situations habituelles : les orges de printemps semées à l’automne (on sera en limite de résistance), les blés durs (le choix variétal pourrait être discriminant), et ponctuellement les orges d’hiver.

Jean-Charles DESWARTE, Olivier DEUDON (ARVALIS – Institut du végétal)

 

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