Vidéo – Chardon des champs : comprendre sa biologie pour mieux le gérer

Le chardon des champs est particulièrement tenace et peut très vite faire chuter les rendements des cultures. Malheureusement, cette plante vivace fait partie des adventices les plus problématiques à gérer uniquement de façon mécanique. Alors, comment faire ? Eléments de réponses dans la dernière vidéo réalisée par le Comité Technique Désherbage Grandes Cultures Centre / Ile-de-France.

D’abord, il faut savoir identifier le chardon des champs.

C’est une plante vivace qui présente des tiges hautes pouvant atteindre jusqu’à 1,5 m. Ses feuilles sont découpées et épineuses.

Le chardon des champs présente deux types de reproduction : par graines et par organes de réserve souterrains.

La floraison débute en juin. Chaque chardon produit des graines, appelées akènes, disséminées par le vent. Seuls 2 à 3 % d’entre elles sont viables, mais elles contribuent à l’introduction du chardon dans de nouvelles parcelles.

Au printemps, apparaît une plantule qui développe très rapidement un système racinaire de réserve.

C’est principalement grâce à ses organes souterrains que le chardon des champs s’étend dans les parcelles. Ce réseau racinaire se développe de plusieurs mètres chaque année et présente des bourgeons, à l’origine des pousses. Au printemps suivant, les bourgeons racinaires les plus proches de la surface du sol émergent.

Le piège, c’est que la destruction de ces pousses entraîne une levée de dormances des bourgeons inférieurs.

Une lutte à mettre en œuvre sans attendre qui s’inscrit dans le long terme

Pour ne pas être dépassé, il est nécessaire de réagir dès l’apparition des premiers foyers.

La gestion des abords et des parcelles voisines (agricoles ou non) reste la meilleure mesure préventive !

Si l’infestation est plus importante, le problème ne se résoudra pas en une seule campagne, mais sur plusieurs années, en maintenant une pression mécanique et chimique pour un épuisement total du système racinaire.

Il existe des produits phytosanitaires autorisés et d’efficacités variables selon les cultures. Chacun de ces produits s’applique à un stade spécifique de l’adventice.

Certaines cultures permettent des applications localisées sans prendre de risques majeurs. Le développement de nouvelles technologies numériques devrait faciliter cette opération dans les prochaines années.

Côté mécanique en culture, seule la bineuse en passage répété peut avoir une action d’épuisement sur l’inter-rang. Il faut viser dans ce cas le stade 3 à 6 feuilles. Cette action à efficacité très variable doit être complétée en interculture.

L’interculture est un moment privilégié pour gérer efficacement le chardon

Historiquement, la gestion des chardons en interculture reposait sur l’application parfois localisée de produits à base de glyphosate associé ou non à une hormone. Aujourd’hui, quelles sont les autres solutions agronomiques ?

Contrairement à la gestion des graminées adventices, la rotation des cultures a un effet plus limité sur le chardon.

Il faudra plutôt miser sur des opérations mécaniques. Réaliser des déchaumages répétés reste le levier le plus performant pour gérer cette adventice, en respectant quelques règles :

– D’abord Intervenir au bon stade, quand les réserves énergétiques de la plante sont au plus bas. Le moment idéal est le printemps, avant l’implantation d’une culture, mais les déchaumages en été, après la moisson d’une culture d’hiver, sont aussi intéressants pour empêcher la reconstitution du système racinaire.

– Travailler toute la surface du sol. Des essais conduits en bio il y a quelques années en région Centre/ Ile-de-France (chambres d’Agriculture, BIOCENTRE, FDGEDA 18…) avaient mis en évidence l’intérêt des outils à patte d’oies et des outils à disques travaillant sur toute la surface du sol. Le développement des plantes restantes serait « boosté » par une moindre concurrence et le travail du sol.

– les déchaumages doivent être impérativement réalisés dans un sol sec. Sinon, le chardon pourrait se repiquer.

– Un travail superficiel est suffisant. Il est illusoire de chercher à atteindre les racines les plus profondes. La gestion du chardon repose sur une stratégie d’épuisement.

– Enfin et surtout, il ne faut pas oublier qu’un seul déchaumage ne pourra pas suffire à venir à bout des chardons. C’est la répétition des passages qui permettra de réduire considérablement la pression.

La gestion des chardons des champs est donc un travail de longue haleine, qui commence au repérage des ronds de chardons puis mobilise différents leviers agronomiques et chimiques pour obtenir un résultat satisfaisant.