Lutte contre la verse : Régulateurs, les résultats 2017 sur blé dur

Un seul essai a été conduit pendant la campagne 2016/2017, incitant à la prudence quant à l’interprétation des résultats. Les synthèses pluriannuelles, peu étendues également, apportent une vision d’ensemble aux spécialités étudiées. Quelques recommandations en ressortent.

Mené dans le Gard, l’essai 2017 vise à obtenir des références sur les nouveautés (Medax Max, Proteg DC) comparées aux références, mais également à étudier l’effet « régulateur » connu des triazoles, à travers la spécialité Yeti. Les régulateurs ont été appliqués à deux stades, épi 1 cm et 1-2 nœuds du blé dur.

Tableau 1 : Lieu d’essai, variété et date d’application

Au stade épi 1 cm, les températures étaient bonnes mais l’hygrométrie faible (environ 55 %). A 1-2 nœuds, les conditions étaient en revanche très bonnes (13-16°C ; 80 % d’hygrométrie au début, 64 % à la fin).


Aucun symptôme de phytotoxicité n’a été à signalé suite à l’application des régulateurs. Ceux-ci se sont révélés parfaitement sélectifs.


Des effets sur la hauteur non significatifs entre régulateurs…

Les résultats ne sont statistiquement pas différents entre modalités étudiées. Seuls Medax Top et Medax Max se distinguent significativement du témoin non traité (TNT), avec une réduction de hauteur de 8 % environ. Terpal est assez proche (-7 % environ), suivi de Cycocel C5, appliqué à épi 1 cm (- 6 %). Toutes les autres modalités, y compris le fongicide à base de triazole, permettent une réduction de hauteur entre 3 et 4 %.

Appliqué entre 0,3 et 0,4 l/ha, Proteg DC n’affiche pas un effet dose prononcé, et se positionne au niveau de Moddus 0,5 l. Pour ces spécialités à 250 g/l de trinéxapac, l’effet de cette substance active est croissant entre Proteg DC 0,3 l/ha, 0,4 l/ha et Moddus 0,5 l/ha.

Figure 1 : Effet des régulateurs étudiés sur la hauteur, en % de réduction par rapport au Témoin non traité (TNT). Marguerittes (30) 2017 essai non versé (test de Tukey 5 % ; ETR de 1,28 cm)

Comme déjà vu par le passé en blé dur, la prohexadione-calcium (composant Medax Max et Medax Top) « réagit » bien sur blé dur avec des effets visuels sur la hauteur.

… Tout comme sur le rendement

L’analyse statistique ne fait pas ressortir de différences entre les modalités étudiées. La plupart des régulateurs sont très proche du témoin. En situation non versée, les régulateurs n’ont pas engendré d’impacts négatifs (ou positifs) sur le rendement.

Seul Yéti à 1 l/ha se distingue, sans que cela soit différent statistiquement avec le biais engendré par la protection fongicide associée.

Figure 2 : Ecart de rendement au TNT des modalités étudiées, sur blé dur. Marguerittes (30) 2017 essai non versé. (Test de Tukey NS ; ETR de 2,29 q)

Attention, il faut tenir compte de l’effet « fongicide » de Yéti et du biais engendré.

Deux campagnes d’essais confirment

La verse ne s’est manifestée dans aucun des deux essais, conduits en 2015 (Loir et Cher) et 2017 (Gard), malgré la sur-fertilisation volontaire afin de maximiser les risques. Ces deux essais permettent de présenter la nouveauté Medax Max et les références du marché, aussi bien en application précoce épi 1 cm qu’à 1-2 nœuds (figure 3). Attention, Medax Top a été étudié à deux doses différentes : 0,8 l en 2015 et 1 l en 2017.

Sur la réduction de hauteur, il n’y a pas de différences statistiques entre régulateurs. Le comportement des deux essais est également différent.

Dans l’essai de Marguerittes (30), les spécialités à base de prohexadione-calcium (Medax Top et Medax Max) ont un effet marqué. Même si la régulation avec les spécialités à base de trinéxapac fonctionne, les spécialités Moddus et Proteg DC sont légèrement en retrait, mais avec un effet de l’ordre de – 4 % en hauteur par rapport au témoin non traité.

A Ouzouer-le-Marché, seules les applications à 1-2 nœuds se sont avérées efficaces – sans être significativement différentes les unes des autres.

Dans les deux essais, seule la nouveauté Medax Max à 0,5 kg/ha est régulière, avec un effet visuel de raccourcissement, sans être toutefois différente des autres modalités étudiées.

Figure 3 : Effet sur la hauteur des principaux régulateurs, sur blé dur. 2 essais 2015 et 2017 (tests statistiques – ETR de 1,29 cm)

Côté rendement, les effets constatés sont nuls, voire négatifs pour la majorité des produits. Il n’y a toutefois pas de différences statistiques entre les traitements et avec le témoin non traité. Les essais n’ayant pas connu de verse, le gain potentiel permis par une régulation efficace ne se matérialise pas.

Sans véritables hypothèses à avancer, un léger gain, non significatif, est mesuré avec l’application de Proteg DC 0,4 l, sur les deux essais. Ce gain devient significatif en considérant uniquement le témoin non traité, Moddus et Proteg DC. Un effet formulation est peut être possible.

Figure 4 : Ecart de rendement au TNT (q/ha) des principaux régulateurs sur blé dur, applications à épi 1 cm et 1-2 nœuds. 2 essais 2015 et 2017 (tests statistiques NS – ETR de 0,88 q)

Attention, blé dur sensible

Le blé dur est réputé sensible aux régulateurs (mais aussi aux herbicides), vus comme des agents de stress. En situation de déficits hydriques, une application à 1-2 nœuds peut accentuer ce stress et pénaliser la culture. Il convient donc de réguler à bon escient et dans les bonnes conditions, les traitements précoces étant les plus sélectifs.

Il est donc recommandé d’utiliser avec parcimonie les régulateurs sur blé dur et surtout, d’être très vigilant sur les applications – en particulier à 1-2 nœuds. Notons que les interventions tardives avec des produits base d’étéphon, sont possibles mais généralement risquées.

Lise GAUTELLIER VIZIOZ (ARVALIS – Institut du végétal)
Ludovic BONIN (ARVALIS – Institut du végétal)