Orge d’hiver : anticiper la lutte contre les maladies de printemps

Les propositions de stratégies de lutte contre les maladies des orges d’hiver dépendent largement de la sensibilité variétale, de la pression maladies de l’année et des critères réclamés par les débouchés visés (fourrager ou brassicole).

Pour un débouché brassicole, la plupart des variétés restent sensibles aux maladies

Afin d’assurer un débouché brassicole à une orge d’hiver, il faut répondre au cahier des charges des malteurs et brasseurs par le choix d’une variété préférée par la filière, dont plus de 90 % des grains ont un calibre de 2,5 mm et dont la teneur en protéines est comprise entre 9,5 et 11,5 %.

La plupart des variétés brassicoles restent aujourd’hui assez sensibles aux maladies (Etincel, Pixel, Visuel, KWS Faro…) et nécessitent une attention particulière vis-à-vis du contrôle des maladies.

Une stratégie en deux traitements sera souvent nécessaire avec un premier passage à 1 nœud (Unix Max + Meltop One ou Unix Max + Kantik) puis un passage à la sortie des barbes avec une association « triple » : triazole + SDHI + strobilurine (Kardix + Twist 500 SC, Priaxor EC + Relmor Pro, Elaturs Era + Amistar, Fandango S, Revystar XL + Comet 200…).

Toutefois, les récents travaux (2015-2019 sur variétés sensibles type Etincel) montrent que le gain lié au T1 n’est que de 2,6 q/ha brut (soit 1,1 q/ha de gain net) en moyenne et n’est donc pas systématiquement rentabilisé. L’impasse du T1 peut alors s’envisager en l’absence précoce de maladies grâce à l’utilisation d’outil d’aide à la décision, ou du suivi de la pression de l’année au travers des BSV.

Pour le débouché fourrager, un unique passage à la sortie des barbes peut suffire

De plus en plus de nouvelles variétés présentent un profil favorable aux principales maladies du feuillage (rhynchosporiose, helminthosporiose et rouille naine) : KWS Jaguar, Jetto, Tektoo, Coccinel…

Avec ces variétés, la nuisibilité sera autour de 10-12 q/ha. Dans ce cas, si la rhynchosporiose n’apparaît pas précocement, un unique passage à la sortie des barbes pourra suffire sur une base association un SDHI + un triazole (Kardix, Librax, Elatus Era, Madison, Fandango S…). Compte tenu de la progression des résistances, nous recommandons de ne pas systématiser le renfort des strobilurines et de les réserver aux contextes maladies plus sévères. D’une manière plus générale, il faudra veiller à diversifier et alterner les modes d’action à l’échelle du programme.

Elodie GAGLIARDI (ARVALIS – Institut du végétal)
Anne-Sophie COLART (ARVALIS – Institut du végétal)
Thierry DENIS (ARVALIS – Institut du végétal)