Désherbage du maïs : les stratégies à double passage, les plus sécurisantes et les plus régulières pour maîtriser les adventices

Le choix de la stratégie de désherbage doit être adaptée à la flore attendue des parcelles, aux conditions climatiques de l’année et au temps disponible pour intervenir. Un double passage permet d’optimiser ses chances de réussite.

Graminées ou dicotylédones ?

En présence de graminées et/ou de véroniques, il faut intervenir dès la prélevée. La postlevée très précoce (permettant d’associer un produit racinaire à une base foliaire) peut également être envisagée sur graminées. Ces adventices nécessitent un contrôle par voie racinaire en raison notamment de levées précoces et échelonnées. Ces applications précoces peuvent être complétées par un rattrapage de postlevée, piloté en fonction des relevées d’adventices.

Attention toutefois, la réussite de la prélevée ou de la postlevée très précoce est conditionnée par une bonne humidité du sol au moment de l’application. Il est préférable de renoncer à ces interventions si le sol est trop sec et d’opter alors pour une application de produits foliaires en postlevée du maïs.

Si la flore dicotylédone est dominante, la stratégie doit s’appuyer sur des interventions de postlevée à base de produits foliaires, produits disposant des plus larges spectres d’action face à cette catégorie d’adventices.

En flore simple, à dominante dicotylédones, un désherbage de postlevée en un ou deux passages selon le niveau de salissement est le meilleur compromis technico-économique.

En présence de dicotylédones dites « difficiles » comme renouées liseron, mercuriales…, la postlevée est également recommandée en choisissant les produits les plus performants vis-à-vis de ces adventices.
Figure 1 : Différentes possibilités de positionnement des désherbages sur maïs

Dans tous les cas, il est nécessaire de positionner les interventions sur adventices non levées (herbicides racinaires) ou à des stades très jeunes (herbicides foliaires). Cette précaution assure un désherbage efficace et l’absence de concurrence sur la culture donc de pénalisation du rendement.

Un désherbage plus efficace avec deux applications

La stratégie de prélevée, en application en plein, relayée par une intervention de postlevée est à privilégier dans les situations de flore graminée dominante ou de flore mixte, graminées + dicotylédones lorsque la densité d’adventices attendue est élevée.

Comme alternative, on peut s’appuyer sur de la postlevée très précoce à base de produits racinaires et foliaires relayée par une postlevée foliaire. Elle est toutefois délicate à mettre en œuvre car la fenêtre de positionnement est très étroite : il faut intervenir sur adventices très jeunes (1 à 2 feuilles maximum) pour bénéficier de l’ensemble des potentialités de l’association de produits.

La stratégie de double postlevée est adaptée aux flores dicotylédones ou à faible pression graminées.

En « pré puis postlevée » comme en « double postlevée », la dernière intervention de postlevée peut être réalisée soit par désherbage chimique, soit par binage(s). Les stratégies « combinées », associant intervention chimique et binage(s) procurent des niveaux d’efficacité et de sélectivité proches des stratégies « tout chimique » dans la mesure où les facteurs de réussite du binage sont réunis (Figure 2).

Figure 2 : Facteurs de réussite des stratégies combinées, désherbage chimique puis binage


Diversifier et alterner les modes d’action
Dans un objectif de gestion durable du désherbage et de prévention des résistances aux herbicides, il est recommandé de diversifier et alterner les modes d’actions des produits utilisés. Cette règle est valable à l’échelle annuelle sur les programmes mis en œuvre sur maïs, ainsi qu’à l’échelle de la rotation des cultures sur une parcelle donnée. Sur maïs, des possibilités existent en combinant les produits à action racinaire et les produits foliaires issus de différentes familles chimiques. Les programmes n’utilisant que des herbicides inhibiteurs d’ALS (nicosulfuron, tritosulfuron, prosulfuron …), mode d’action HRAC B, parmi les plus exposés au phénomène de résistances, sont à proscrire.



Valérie BIBARD (ARVALIS – Institut du végétal)