Gelées sur maïs : faut-il s’inquiéter ?

Suite aux gelées matinales de ces derniers jours, des questions se posent sur la viabilité des maïs déjà semés.

Le climat plutôt sec de ces dernières semaines et les bonnes conditions de structure et de ressuyage des sols ont incité les producteurs de maïs à sortir les semoirs très tôt cette année.

A l’échelle de la France, quelque 30 % des surfaces de maïs grain étaient semées au 10 avril contre à peine 5 % à la même date les deux campagnes précédentes.

Au 17 Avril, plus de 50 % des surfaces étaient semées selon l’estimation du réseau des ingénieurs régionaux d’ARVALIS – Institut du végétal.

Des gelées sans risque majeur avant le stade 4-5 feuilles

Or, depuis le 15 avril, les températures minimales sont en chute, souvent négatives sous abri, en lien notamment avec des éclaircies nocturnes et un vent de Nord / Nord-Est. Elles occasionnent des gelées blanches localisées, plus marquées dans la moitié Nord-Est (figure 1).
Figure 1 : Nombre de jours avec des températures minimales négatives entre le 15 et le 21 avril 2017

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Pour les parcelles non levées, c’est la température du sol qui est à prendre en compte. Celui-ci a un effet « protecteur » : la plante n’est pas touchée par le gel.

Pour les productions au stade postlevée, les jeunes feuilles se trouvent par contre exposées à la température de l’air. Un gel de quelques heures est suffisant pour les détruire. Les effets visuels de températures gélives sur les feuilles déployées sont bien connus : dans un premier temps, elles brunissent rapidement, puis elles deviennent plus ou moins translucides. Par contre, jusqu’au stade 4-5 feuilles visibles, le méristème apical (apex), qui produit les feuilles une par une, est encore dans le sol. Il est donc bien protégé des basses températures. Dans la majorité des cas, les nouvelles feuilles formées, mais pas encore visibles, se développeront et les conséquences seront limitées. Toutefois, sur certaines plantules, les feuilles gelées, en se repliant plus ou moins sur elles-mêmes, peuvent bloquer le déploiement des nouvelles feuilles formées. Dans ce cas, il y aura perte de pieds.

En conséquence, suite aux gelées matinales de ces derniers jours, ne rien faire et attendre : la parcelle n’est pas détruite.

En revanche, il faudra être prudent lors des traitements herbicides de postlevée précoce, pour laisser à la plante fragilisée par le gel du temps pour repartir en végétation. Attention au risque de manque de sélectivité des mélanges herbicides, d’autant plus si les amplitudes thermiques élevées (> 15°C) se maintiennent avec des températures minimales inférieures à 6°C.

Et pour les semis à venir ?

Au semis, on recherche une levée rapide et homogène. La graine doit être au contact de l’humidité et dans des conditions d’aération suffisante pour permettre la germination.

Dans les conditions actuelles, le semis devra être suffisamment profond (≥ 4 à 5 cm) pour échapper au gel, aux oiseaux et au dessèchement superficiel du sol, et pas trop profond (< 8-9 cm) pour limiter l’épuisement des réserves de la graine par l’élongation du coléoptile, réduire la durée de l’émergence et donc échapper au parasitisme.

En cas de sol sec en surface, il faut choisir une option franche (semis tout en surface dans le sec ou tout en profondeur dans le frais) plutôt qu’un compromis qui ne permettrait la levée que d’une partie des semences en cas de temps sec prolongé. Dans un sol ressuyé, la semence se conserve très bien s’il n’y a pas assez de chaleur pour germer et pour lever. Une semence qui commence à germer (gonflement) ne doit pas s’arrêter jusqu’à la levée.

Comme il n’y a pas urgence à semer, il est possible attendre quelques jours si une période pluvieuse est annoncée, pour semer (et éventuellement désherber) avant la pluie.

L’absence de pluie peut pénaliser le désherbage

Peu de désherbage de post-semis ont été faits pour cause de sol sec en surface. En conditions normales, ils sont réalisés juste après le semis pour profiter de l’humidité du sol. En post-semis comme en postlevée précoce, il faut 10 à 15 mm de pluie dans les dix jours suivant l’application du produit pour une bonne efficacité herbicide.

A ce jour, si le traitement herbicide n’a pas été réalisé en post-semis prélevée, on interviendra en postlevée précoce. Pour des raisons de sélectivité, il convient d’éviter le stade pointant pour la majorité des herbicides.

Bertrand CARPENTIER, Yann FLODROPS, Didier LASSERRE, Thibaut RAY (ARVALIS – Institut du végétal)

 

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