Maladies du blé tendre : miser en priorité sur la tolérance variétale

Les variétés actuelles de blé tendre sont beaucoup plus tolérantes aux maladies, en particulier vis-à-vis de la septoriose. Ces atouts devront être valorisés par une protection plus légère et plus ciblée au printemps 2020.

Des travaux récents ont montré que le poids du premier passage au stade « 1-2 nœuds » (T1) était relativement faible : les gains bruts se chiffrant entre 2 et 4 q/ha, il n’est donc pas systématiquement rentabilisé. L’utilisation de variétés plus tolérantes et l’adaptation au contexte de l’année grâce aux outils de pilotage permettent d’adapter les applications fongicides en évitant de systématiser le premier passage.

Pour les variétés peu sensibles à la septoriose et/ou aux rouilles, de plus en plus cultivées aujourd’hui (telles que Chevignon, Fructidor ou encore KWS Extase), la nuisibilité attendue dans la région se situe autour de 12-15 q/ha. Le programme fongicide pourra alors s’établir en un passage unique (T2) bien positionné sur la dernière feuille étalée, en privilégiant des produits associant un SDHI et un triazole (Librax, Revystar XL, Kardix, Elatus Plus + Arioste 90…). En cas de risque fusariose, un passage à la floraison avec un produit efficace à base de prothioconazole ou de tébuconazole (Prosaro ou Kestrel) pourra être nécessaire.

En cas d’attaque de rouille brune, typiquement sur une variété sensible par printemps chaud, comme en 2019, le produit utilisé en T2 pourra être complété par une strobilurine ; sinon, utiliser un produit « trois voies » (Ceriax, Priaxor EC + Relmer Pro…). Les produits à base de benzovindiflupyr (gamme Elatus) ont une activité intéressante sur la rouille brune et s’utilisent sans ajout de strobilurine.

Et si la septoriose est précoce ou la variété sensible ?

Quand la variété est plus sensible à la septoriose (Rubisko, Bergamo, RGT Sacramento…) et la pression de la septoriose plus précoce, la nuisibilité attendue dans la région se situe autour de 20-25 q/ha ; prévoir alors trois passages. Pour la première intervention, choisir une base de triazoles associée à du chlorothalonil* (Djembe + Cloril, Kantik, Juventus + Bravo…), à du soufre (par exemple, Heliosoufre S, Faeton SC ou Thiovit Jet Microbilles) ou encore à du folpel (Sesto, récemment homologué sur septoriose).

En cas de risque d’attaque précoce de rouille jaune dès le stade épi 1 cm – 1 nœud, sur la bordure maritime par exemple, il sera préférable de choisir dès le semis une variété tolérante (note >=7). Une intervention pourra s’avérer nécessaire en présence de foyers actifs certaines années à risque (comme en 2014) et particulièrement sur variétés très sensibles (Trapez, Hyfi, Complice…). Dans ce cas, les triazoles, éventuellement complétés par une strobilurine, sont alors efficaces.

* : dernière année d’utilisation avant le 20/05/2020 pour les solutions à base de chlorothalonil

Elodie GAGLIARDI (ARVALIS – Institut du végétal)
Anne-Sophie COLART (ARVALIS – Institut du végétal)
Thierry DENIS (ARVALIS – Institut du végétal)