Protection du maïs : Y aura-t-il des attaques de géomyze en 2017 ?

Les fortes attaques de géomyze observées dans l’ouest de la France ont marqué la campagne de maïs 2016. Que sait-on aujourd’hui des facteurs favorisant l’émergence de ce ravageur ?

Seules les parcelles bénéficiant d’une protection de la semence avec Sonido ont été épargnées en 2016 (au pire, quelques rares plantes présentaient des symptômes). En absence de cette protection, les dégâts se sont chiffrés couramment entre 30 et 50 % de plantes détruites et ont parfois atteint 80 % dans certaines situations.

Ce produit de la famille des néonicotinoïdes, amené à disparaître, a confirmé son intérêt pour la protection des jeunes maïs contre ce ravageur. Les autres moyens de protection insecticide employés dans les secteurs concernés (comme par exemple Force 20CS, Force 1,5G ou Belem 0,8MG) ne sont pas homologués pour lutter contre la géomyze et confirment, dans nos essais, leur absence d’efficacité pour la protection des jeunes plantes en cas d’attaque par cette mouche.

Peu de leviers d’action autres que la protection Sonido

Mise à part la protection insecticide, peu de facteurs semblent influencer le niveau des attaques comme le confirme l’enquête réalisée par la Chambre Régionale de Bretagne et ARVALIS – Institut du végétal en 2016 avec les partenaires du BSV de Bretagne. Toutes les périodes de semis ont été concernées, y compris les semis les plus tardifs, même si les dégâts occasionnés étaient moins intenses. Aucun type d’environnement proche de la parcelle et aucune exposition ne semble plus favorable aux attaques, sauf peut-être la présence de surfaces en herbe (point commun de toutes les zones touchées en 2016). Enfin, l’apport d’engrais starter n’a pas permis d’esquiver les dégâts. Les leviers d’action visant à réduire le risque semblent donc limités.

Le climat, principal responsable des importantes attaques ?

En revanche, les conditions climatiques semblent jouer un rôle prépondérant dans les attaques. L’analyse climatique des 20 dernières années – au cours desquelles des dégâts de géomyze ont été constatés à plusieurs reprises – permet de décrire la typologie des années à risque :
– un hiver précédent doux et comportant un faible nombre de jours de gel,
– des pluies abondantes au mois de mars,
– des températures inférieures aux normales au cours de la période comprise entre le semis et le stade 3 feuilles (avril à mi-mai).

L’hiver 2016-2017 qui s’achève ne ressemble pas aux hivers ayant précédé des printemps à fortes attaques. Cependant, la population rencontrée en 2016 était particulièrement abondante et les conditions climatiques peuvent encore être favorables pour la frange de la population qui aura survécu aux conditions hivernales.

Sans protection Sonido (4 rangs au milieu) en comparaison à une modalité protégée Sonido (3 rangs de droite). Le thiaclopride, substance active du Sonido, assure une protection sans équivalent contre la géomyze.

 


Des larves à l’origine du renflement bulbeux de la base des plantes

L’adulte est une petite mouche d’environ 3 à 4 mm de long et de couleur brun foncé à noir. Ses ailes présentent une tache sur chaque nervure transversale ainsi qu’à leur extrémité. Les œufs sont déposés individuellement à la base des plantules de maïs entre la levée et le stade 3 feuilles. La larve, seul stade de développement responsable des dégâts sur cultures, est un asticot de 6 mm environ au dernier stade. Elle s’introduit entre le coléoptile et la première feuille et se développe en creusant des galeries circulaires qui détruisent l’apex, qui devient brun. La plante infestée présente alors un fort épaississement des tissus à sa base. Le renflement bulbeux de la base de la plante lui donne l’aspect d’un poireau. Ces symptômes permettent de faire la distinction entre une attaque de géomyze et celle d’une oscinie. Ensuite, l’ensemble de la plantule se dessèche à partir du stade 3-4 feuilles jusqu’à la disparition du pied.


 

Michel MOQUETJean-Baptiste THIBORD (ARVALIS – Institut du végétal)

Mots-clés: