Protection du maïs : Quelles solutions pour limiter les dégâts de corvidés ?

Les solutions disponibles pour protéger les semis de maïs contre les dégâts des corneilles noires, corbeaux freux et choucas continuent de se raréfier. Le point sur les stratégies possibles en 2020.

La substance active thirame n’a pas été réinscrite au niveau européen et les produits qui en contiennent (Gustafson 42S, Royal Flo Rouge / Orange) sont donc interdits pour les semis 2020.

En revanche, le zirame – et donc le traitement de semences Korit 420FS – autorisé jusqu’au 30 avril 2020, est encore utilisable pour les prochains semis. Cependant, cette spécialité commerciale présente la mention de danger H330 – mortel par inhalation – (accompagnée de H373, H317, H335 et H401), ce qui contraint son application sur semences ; l’utilisation de ce produit ne peut donc pas être généralisée. L’efficacité de Korit 420FS se situe à un niveau relativement satisfaisant en situation de faible attaque, mais fortement limité dès que la pression de population de corvidés devient significative (figure 1).

Figure 1 : Protection contre les dégâts de corbeaux sur maïs (% de plantes restantes) – Synthèse de 5 essais (2015-2016)

A défaut de pouvoir tester toutes les solutions qui peuvent être proposées aux producteurs, ARVALIS continue d’évaluer les principaux produits, qu’ils disposent d’une homologation sur maïs pour une autre cible (comme par exemple le produit Force 20CS) ou non (souvent mis sur le marché avec des allégations de stimulation de la plante ou de fertilisation).  Malheureusement, aucun de ces produits ne se distingue du témoin non protégé dans nos essais ce qui laisse peu d’espoir de présenter un intérêt à l’échelle d’une parcelle.

Des dégâts qui fluctuent d’une année sur l’autre

L’absence de solution phytopharmaceutique satisfaisante permettant de protéger les semis de maïs contre les déprédations d’oiseaux n’est pas une situation nouvelle. Cependant, les fluctuations de populations de corvidés, plus ou moins remarquables localement, et les conditions climatiques favorisant l’exposition du maïs aux attaques rendent cette impasse technique plus visible certaines années par rapport à d’autres.

Au printemps 2019, les secteurs concernés par des dégâts d’oiseaux ont augmenté : Rhône-Alpes, Bretagne -avec notamment des dégâts de choucas- et plus localement dans le Sud-Ouest, s’ajoutent aux secteurs déjà fortement exposés situés au nord de la Loire (Ile-de-France, Hauts-de-France, Champagne…). Si les raisons pouvant expliquer le regain de ces attaques ne sont pas précisément déterminées, certaines hypothèses peuvent être émises :

– Les populations avaient fait l’objet d’opérations de régulation suite aux importants dégâts survenus il y a près de 10 ans, mais les efforts ont été récemment réduits, voire abandonnés suite aux moindres attaques subies au cours des dernières années.

– Les semis ont été réalisés dans des sols particulièrement secs en 2019, donc avec une préparation souvent soufflée, favorisant l’arrachage des jeunes plantes de maïs par les oiseaux.

– La protection des semences a évolué : en 2019, aucune semence n’a bénéficié d’une protection à l’aide de thiaclopride (Sonido) et un grand nombre de parcelles ne disposait plus non plus de protection à base de thirame (Gustafson 42S). Ces deux produits contribuaient – même partiellement – à la protection des maïs contre les dégâts d’oiseaux. Leur suppression a certainement contribué à l’augmentation des dégâts subis en 2019.

Soigner et coordonner les semis de maïs

A défaut de disposer de la solution idéale, il est recommandé de combiner plusieurs actions :
– réguler les populations pour éviter l’exposition des parcelles à une trop forte abondance de corvidés. La réglementation relative à la régulation des espèces nuisibles évolue fréquemment avec des modalités de mises en œuvre qui varie selon les départements (cf. arrêté du 3 juillet 2019 – JO du 6 juillet 2019). Il demeure indispensable de continuer à déclarer les dégâts pour que ces espèces soient inscrites sur la liste des espèces nuisibles,
– éviter tant que possible les semis décalés (plus précoces ou plus tardifs par rapport aux parcelles environnantes),
– soigner la préparation du sol en évitant de semer dans un sol trop soufflé, condition qui favorise les attaques de corvidés. En revanche, un rappuyage correct de la ligne de semis peut contribuer à limiter les dégâts.

Jean-Baptiste THIBORD (ARVALIS – Institut du végétal)