Pucerons des épis : une présence au sommet ?

BLE-101_576x383Le puceron continue à faire parler de lui alors que les blés sont en cours d’épiaison dans nos régions. Responsable de nombreux cas de JNO à l’automne, le principal risque aujourd’hui est de voir les pucerons pulluler sur les épis. Rappels des informations techniques à connaître pour raisonner la protection des parcelles.

Pucerons d’automne ou pucerons des épis ?

Depuis leur arrivée à l’automne dernier, les pucerons n’ont jamais vraiment quitté les parcelles de blé, en raison notamment des températures douces de l’hiver.

En sortie d’hiver, les conséquences de leur présence se sont vite montrées : des symptômes plus ou moins marqués de virose (JNO) sont apparus dans de nombreuses parcelles d’orge, de blé tendre comme de blé dur.

Très tôt au printemps, la présence de ce ravageur, parfois en nombre important, a été signalée sur les feuilles pendant la montaison. Depuis, les populations s’accroissent. Trois espèces de pucerons sont généralement visibles : Metopolophium dirhodum W.Sitobion avenae etRhopalosiphum padi.
Tableau 1 : Principaux pucerons présents sur les feuilles de céréales au printemps

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Parmi ces trois espèces, seul Sitobion avenae se développe essentiellement sur épi.Rhopalosiphum padi (souvent responsable de la JNO) et Metopolophium dirhodum, bien que souvent très présents sur le feuillage, passent rarement sur les épis.

Dans le cas d’une parcelle dont les plantes sont déjà porteuses d’individus sur feuilles, le risque d’infestation des épis est donc d’abord lié à la présence de Sitobion avenae.

Stratégie de lutte contre le puceron des épis

En prélevant la sève des plantes entre les stades épiaison et grain laiteux-pâteux, le puceron des épis provoque une limitation du poids de mille grains (PMG), voire du nombre de grains par épi en cas d’attaque précoce (épiaison – floraison). Les pertes peuvent atteindre 25 q/ha dans les cas les plus graves (les infestations précoces sont souvent plus préjudiciables que les infestations tardives).

L’observation avant tout !

Que les pucerons soient déjà présents sur feuilles ou non, la lutte commence par une observation attentive des parcelles pour décider de l’opportunité d’un traitement. Cette observation, qui débute à l’épiaison et se poursuit jusqu’au stade grain laiteux-pâteux, doit être régulière (au minimum deux fois par semaine) car la croissance des populations peut être rapide. En effet, les pucerons sont peu exigeants en termes de conditions climatiques : ils se multiplient à partir de 13°C et volent (pour les ailés) dès 15°C. De plus, la multiplication des femelles peut être importante : jusqu’à 60 larves pour une femelle. Les jeunes larves deviennent ensuite adultes en 8 jours et la durée de vie de l’adulte est de 15 à 20 jours à 20°C. De fortes pullulations peuvent ainsi être observées, notamment lors de campagnes à hiver et printemps doux. A noter toutefois qu’ils ne survivent pas à des températures supérieures à 30°C.

Le pourcentage d’épis colonisés est un indicateur simple et pertinent pour décider d’une intervention : 1 épi sur 2 colonisé par au moins un puceron. De par la répartition des colonies en foyers, il est indispensable de parcourir la parcelle pour connaître précisément le niveau d’infestation.

Pucerons des épis sur feuille et épi en juin 2004, ARVALIS - Institut du végétal.

Pucerons des épis sur feuille et épi en juin 2004, ARVALIS – Institut du végétal.

Attaque par foyers en juin et juillet 2004, ARVALIS - Institut du végétal.

Attaque par foyers en juin et juillet 2004, ARVALIS – Institut du végétal.

Les auxiliaires peuvent être de précieux alliers en limitant les populations de pucerons. On peut citer entre autres les coccinelles, les syrphes ou les microhyménoptères parasites. En cas de pullulation, leur action est toutefois insuffisante. Il convient donc de se référer au seuil de risque afin d’éviter les interventions trop précoces et préserver au maximum leur effet bénéfique.

Pour plus d’informations, consultez le BSV chaque semaine pour la région CentreIle-de-Franceou Auvergne.

En curatif : les insecticides

Les insecticides sont essentiellement des produits de contact et leur action excède rarement 2 semaines. Leur efficacité peut varier entre 50 et 90 %. Les associations de pyréthrinoïdes sont légèrement supérieures aux produits avec une seule pyréthrinoïde. Lorsque les populations de pucerons sont déjà importantes et que les conditions de développement sont très favorables, l’utilisation de produits à forte action de choc est conseillée.

Lorsque le recours des insecticides est nécessaire, le raisonnement à tenir repose sur quelques règles :
– Tant que l’on n’observe que quelques épis porteurs de pucerons dans toute la parcelle, l’intervention n’est pas utile.
– Reprendre la surveillance une dizaine de jours environ après le traitement. Une nouvelle intervention peut être effectuée en cas de nouveau dépassement du seuil.
– Il n’y a plus d’intérêt à traiter au-delà du stade grain pâteux.
Figure 1 : Positionnement des insecticides contre le puceron des épis, ARVALIS – Institut du végétal

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Tableau 2 : Insecticides en végétation autorisés sur pucerons sur épis

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Source : dépliant ARVALIS – Institut du végétal – juillet 2015 (réactualisé en octobre 2015)

Retrouvez l’ensemble de nos préconisations dans les guides régionaux « Choisir & Décider – Interventions de printemps » pour le blé tendre et le blé dur.

Pour vous aider dans le diagnostic, consultez les fiches Accidents.

Edouard BARANGER, Michel BONNEFOY, Delphine BOUTTET, Chloé MALAVAL JUERY, Agnès TREGUIER (ARVALIS – Institut du végétal)

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