Désherbage de postlevée du maïs : s’adapter aux conditions de l’année

plante-mais-communication (7)_576x384Les conditions fraîches du printemps n’ont pas toujours freiné le développement des adventices. Pour les parcelles encore non désherbées ou en présence de relevées, voici quelques repères pour réussir son désherbage de postlevée selon la flore présente.

Les températures fraîches et les pluies observées depuis mi-avril ont ralenti l’évolution du maïs mais n’ont que faiblement freiné les émergences d’adventices moins exigeantes en températures.

Les conditions d’efficacité des désherbages de prélevée ont globalement été satisfaites (besoins de 15 – 20 mm de cumul dans les 20 jours qui suivent l’application – carte 1).

Pour les semis de début mai, les maïs sont autour de 2 feuilles et les désherbages de post levée doivent s’envisager rapidement.


Carte 1 : Cumul des précipitations (en mm) du 25 avril au 15 mai 2016

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Evaluer l’état du maïs et la flore en place pour intervenir en postlevée

En premier lieu, il faut bien repérer le stade du maïs. Les semis de fin avril ne cumulent à l’heure actuelle, en moyenne, que 241 degrés jours sur l’ensemble de la zone (52 degrés de moins que la médiane de l’ensemble des 5 régions).

Les levées sont relativement homogènes et les stades vont de semées à 4 feuilles.

Ensuite, il convient d’éviter les applications sur des maïs pointant et d’attendre le stade 2 feuilles sur des maïs en bon état végétatif.

Parallèlement, un inventaire précis de la flore en présence (espèces et stades de développement) est indispensable pour choisir les produits et composer les mélanges les plus adaptés à la flore en place.

Enfin, il convient d’évaluer l’impact des interventions déjà réalisées sur la flore présente et à venir. Pour ce qui concerne les racinaires (chloroacétamides principalement), une humectation minimale du profil est indispensable. Les pluies depuis les applications de produits racinaires en pré ou en
postlevée ont été suffisantes pour permettre une bonne efficacité sur adventices jeunes. En revanche, sur des adventices développés (touffes, repiquages ou repousses de graminées, vivaces…) il y a peu de chances d’obtenir de bonnes efficacités.

Respecter les bonnes conditions d’efficacité et de sélectivité

La pénétration des substances actives est favorisée en conditions poussantes le jour de l’application mais l’efficacité et la sélectivité seront optimales si ces conditions sont également réunies au cours des journées qui encadrent l’application Le risque de phytotoxicité sur le maïs est augmenté si les conditions sont stressantes après l’application (tableau 1).


Tableau 1 : Impact des conditions d’application sur la sélectivité des herbicides foliaires systémiques

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  • Le stade du maïs est à considérer essentiellement pour la sélectivité. D’une façon générale, une fois passé le stade pointant auquel il est déconseillé de traiter, la plupart des produits sont utilisables sans risque pour des plantes qui s’étalent entre 2 et 6 feuilles. Au-delà de 6 feuilles, les doses des produits contenant des auxiniques (Dicamba, Fluoroxypyr) sont plafonnées. Les autres produits sont en général utilisables jusqu’à 8 feuilles du maïs mais leur efficacité devient aléatoire (stade développé des adventices, effet écran du maïs…).

    • Traiter des maïs en bon état, notamment avec des herbicides de type auxinique ou sulfonylurée.

    • Le traitement doit impérativement s’effectuer alors que l’hygrométrie est élevée (65 % mini). Par temps sec, les applications doivent être réalisées le matin avant 9 – 10 heures. Le soir, le retour à des niveaux d’hygrométrie satisfaisants ne se fait pas avant 20 heures.

    • Eviter de traiter avec des auxiniques ou des sulfonylurées si la météo des jours qui suivent l’application prévoit des températures minimales inférieures à 10°C et des températures maximales supérieures à 25°C. L’attention doit être redoublée vis-à-vis des températures dans les sols noirs riches en matières organiques qui exacerbent les écarts de températures.

    • Tous les produits n’ont pas les mêmes exigences vis-à-vis de la qualité de pulvérisation. Une certaine souplesse existe pour les systémiques qui peuvent s’utiliser à volume réduit et/ou avec une granulométrie plus importante pour limiter la dérive. Les produits de contact (bromoxynil, bentazone) requièrent en revanche une qualité de couverture de la cible plus importante. Préférer des volumes supérieurs à 100 l/ha, 150 l/ha avec des buses anti-dérive. Augmenter en particulier les volumes d’eau pour des produits ou associations à base de Basamaïs (sur érodium ou géranium par exemple).

    • Eviter les mélanges auxiniques + sulfonylurées. Les risques de phytotoxicités sont accrus.

    • Adjuvants : limiter leur usage aux cas particuliers recommandés par les fabricants (Auxo, Stratos Ultra avec Dash, Laudis avec Actirob B, Lontrel avec huile…).

    • Consulter toujours l’étiquette pour les conditions d’emploi spécifiques du produit et vérifier les possibilités de mélange.

Composer le programme de postlevée

Sur le plan de l’efficacité, privilégier des interventions sur les stades les plus jeunes possibles pour les graminées ou dicotylédones annuelles. La composition du mélange est fonction de la flore :

– Les dicotylédones classiques (chénopodes, morelles, amarantes et renouée persicaire) sont bien gérées par les tricétones seules ou associées aux sulfonylurées, même à des stades assez avancés.

– Il faut être beaucoup plus attentif sur renouée des oiseaux, renouée liseron ou mercuriale qui sont peu ou mal contrôlées par les produits de prélevée, lèvent tôt, se développent très rapidement, et sont difficiles à détruire à des stades avancés. Dans les parcelles où ces espèces dominent la flore classique, il ne faut pas hésiter à intervenir avant 2 feuilles des renouées. Le recours aux associations intégrant bromoxynil ou une sulfonylurée anti dicot sont nécessaires. – Les mélanges ternaires (tricétone – sulfonylurée – bromoxynil par exemple) sont préférables dans les situations ou la flore est plus complexe et en présence de graminées.

Si aucune intervention n’a eu lieu à ce jour, il est probable d’être amené à répéter les interventions. D’une façon générale, la dose des matières actives doit être adaptée au stade des adventices les plus développées à chacun des passages.

Dans les situations encore non désherbées, et sans risque lié aux graminées, les flores de dicotylédones peuvent être gérées sur la base de programmes tout en postlevée. Sauf densité très faible, deux applications seront souvent nécessaires.

 
Tableau 2 : Exemples de stratégies de postlevée deux passages sur dicotylédones classiques et difficiles

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Yann FLODROPS (ARVALIS – Institut du végétal)

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