Savoir quantifier les manques de grain dans les épis

vignette ble dur_148x197Les conditions climatiques de ce dernier mois ont pu engendrer des pertes de grains par épi, soit par défaut de fertilité du pollen (accident méiose), soit par défaut de fécondation (accident à la floraison : manque de rayonnement et excès d’eau, ou avortement lié à de la fusariose). Il est possible d’évaluer l’impact de ces accidents sur la composante « nombre de grains/épi » en faisant quelques observations simples.

S’intéresser aux épillets centraux

Le nombre de grains par épi va dépendre du nombre d’épillets par épi et du nombre de grains par épillet. Ces deux composantes s’élaborent progressivement entre la fin du tallage et la floraison. Cependant, au sein de l’épi, tous les grains ne sont pas égaux : les épillets du milieu de l’épi, et les fleurs latérales au sein d’un épillet (dans le cas du blé) sont prioritaires, et sont donc en théorie toujours présents sauf accident, à l’opposé des épillets du haut ou du bas de l’épi, ou des fleurs du centre de l’épillet qui peuvent fréquemment disparaitre au gré des stress courant montaison.
Photo 1 : Identification des organes à observer : fleurs latérales (gauche) des épillets centraux (centre) sur blé et épillets centraux sur orge 6 rangs (droite)

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Quantifier l’absence de grains

Il s’agit donc d’estimer la fréquence d’absence de ces grains « prioritaires » au sein des épis, par observation visuelle, au cours du remplissage (dès grain laiteux voire avant, les grains en formation écartent glumes et glumelles et donnent aux épis leur forme caractéristique).

Le protocole d’observation repose sur un échantillonnage suffisant d’épis : 3 séries de 15 épis pris dans la strate la plus représentative. On évitera les tardillons ou les épis « hors-normes ». Pour une parcelle agriculteur, on pourra échantillonner plusieurs fois au sein de la parcelle si un gradient est à craindre.

Pour le blé (blé tendre ou blé dur) ou le triticale, on s’intéresse aux fleurs latérales des 10 épillets centraux (5 épillets de chaque côté de l’épi) de chaque épi ; on déterminera la fréquence d’absence de grain. Par exemple, 3 grains manquants en moyenne par épi sur les 20 fleurs latérales observées correspondent à 15 % de stérilité.

Pour l’orge d’hiver, toutes les fleurs du milieu de l’épi portent normalement des grains ; on comptabilisera donc toutes les absences sur le milieu de l’épi. Par exemple, en escourgeon, 2 grains absents sur les 10 épillets centraux : 2/30 grains théoriques correspondent à 6,7 % de stérilité.

Un lien assez direct avec le rendement

En s’intéressant à ces grains « prioritaires », on estime assez directement l’impact sur la composante « nombre de grains/épi » ; par contre, on ne prend pas en compte un effet « densité d’épis » ou « PMG ». On ne peut donc pas estimer directement un rendement absolu, mais on peut avoir une indication de la perte de rendement liée à des accidents physiologiques survenus à la méiose pollinique ou à la fécondation, avec une hypothèse de faible compensation via le PMG (hypothèse très vraisemblable cette année) :
– < 5 % de grains absents: absence d’accident.
– 5 à 10 % : pertes de rendement marginales.
– 10 à 20 % : pertes de rendement de l’ordre de 10 %.
– 20 à 30 % : pertes de rendement de l’ordre de 20 %.
– 30 à 50 % : pertes de rendement de l’ordre de 40 %.

Jean-Charles DESWARTE, Cécile GARCIA (ARVALIS – Institut du végétal)

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