Maïs fourrage :Bien choisir sa variété améliore la marge

A précocité équivalente, les écarts de rendements en maïs fourrage varient de 3 à 7 % dans les essais variétés. En faisant le bon choix, il est possible de nourrir son troupeau avec moins de surface, au profit de cultures de vente, voire d’une meilleure autonomie fourragère si la variété présente également une bonne valeur énergétique. Analyse des impacts économiques liés au choix variétal.

+ 155 kg de MS/ha par an grâce au progrès génétique

Depuis 1980, le progrès génétique en maïs fourrage a permis aux rendements de progresser de 155 kg de matière sèche supplémentaire par hectare et par an (figure 1).
Figure 1 : Evolution des rendements observée en maïs fourrage dans le réseau variétés de post-inscription depuis 1980

Mais il serait réducteur de limiter le progrès génétique au seul rendement. A maturité équivalente, il profite à l’ensemble des caractéristiques de la culture du maïs. A titre d’exemple, le niveau de verse noté dans les essais n’a jamais été aussi bas et la valeur énergétique (UF) est globalement stable.

Attention aux fausses économies !

L’incidence du progrès génétique sur la rentabilité des exploitations a été mesurée en Bretagne, en comparant des variétés identifiées comme « entrée de gamme » aux variétés témoins du réseau de post-inscription.

Entre 2012 et 2016, pour une dizaine de comparaisons, le rendement des variétés témoins est supérieur de 2 tonnes MS/ha. Malgré l’économie réalisée sur le prix de la semence de ces variétés dites « entrées de gamme », le bilan net de – 1,24 t MS/ha ne leur permet pas d’être rentable.

Avec un coût de production (rendu silo) à 80 €/t MS, l’utilisation de ces variétés représente un manque à gagner de près de 100 €/ha pour un éleveur (tableau 1).
Tableau 1 : Ecart de rendement et de rentabilité entre une variété témoin et une variété « entrée de gamme » (essais Bretagne 2012 à 2016)

Dès lors, comment bien choisir sa variété de maïs fourrage afin d’assurer à la fois rendement, qualité à la récolte et valeur alimentaire ?

Bonne pratique n°1 : dès le semis, l’objectif 32 % de Matière Sèche à la récolte en ligne de mire

L’objectif est de récolter le maïs fourrage entre 30 et 35 % de MS plante entière, quel que soit le scénario climatique de l’année, en fonction des dates de semis et de récolte souhaitées. Le choix de la précocité la plus adaptée a une influence positive sur le rendement et la valeur énergétique (tableau 2).
Tableau 2 : Effet du choix de la précocité sur les performances des variétés de maïs fourrage selon différents scénarios climatiques

(Source : ARVALIS – Institut du végétal)

Bonne pratique n°2 : choisir le haut potentiel pour optimiser l’assolement

L’objectif de rendement est important à prendre en compte, car il détermine la surface à implanter pour alimenter le troupeau et le coût de production de la tonne de MS ensilée.

Au sein des essais du réseau variétés de post-inscription, les écarts de rendement entre variétés varient de 3 à 7 % (selon les groupes de précocité et les années) ce qui a une incidence sur la répartition des cultures de l’assolement.


Prenons un exemple !

Considérons un troupeau laitier de 80 vaches laitières, produisant 30 litres de lait par jour à raison de 207 jours de ration hivernale à base de maïs fourrage.
Avec un rendement de base de 14 t de MS/ha, si une variété apporte 5 % de plus, c’est 700 kg de MS supplémentaires par hectare disponible pour l’éleveur. Ce gain permet de diminuer la surface de maïs fourrage (- 0,85 ha) au profit d’une culture de blé qui sera vendue, soit un gain financier de près de 1030 € pour l’exploitation (rendement blé à 75 q/ha – prix de référence du blé à 165 €/t).

Par ailleurs, à rendement identique, un gain de valeur énergétique de 0,02 UFL/kg MS entre deux variétés aura un impact financier de + 460 € par an. La meilleure valeur énergétique limite ainsi le recours aux concentrés et permet de réaliser des économies sur ce poste.



Bertrand CARPENTIER (ARVALIS – Institut du végétal)

 

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