Maïs fourrage : Réussir son désherbage pour maîtriser le rendement fourrager et préserver l’avenir

De la réussite du désherbage dépendra le niveau de rendement de la culture et l’enherbement de la parcelle sur les cultures suivantes.

Ces deux enjeux sont fondamentaux pour la réussite du maïs fourrage et c’est pourquoi il est indispensable de définir précocement sa stratégie de désherbage sans exclure une seconde intervention si nécessaire.

 

Observer et adapter pour une lutte précoce et efficace

Un désherbage bien réalisé permettra de limiter l’impact nuisible des mauvaises herbes et de conserver le potentiel de la culture (en rendement et en qualité). Il limitera de plus le risque de contamination tardive de la parcelle et l’enrichissement du stock grainier d’adventices pour les cultures suivantes et les parcelles voisines.

L’efficacité du désherbage dépend de plusieurs facteurs : la flore adventice (espèces et stades), le bon choix des herbicides (mode d’action et spectre d’efficacité), les conditions climatiques et le stade de développement du maïs lors de l’application.

Un désherbage mal maîtrisé = 15 % de fourrage en moins

La concurrence des adventices s’exerce précocement sur la culture de maïs, dès le semis et jusqu’à ce que la végétation recouvre l’inter-rang, c’est-à-dire vers 12 feuilles. Dans ces conditions, une lutte précoce est vivement recommandée, pour conserver tout le potentiel de la parcelle.

Les essais menés par ARVALIS – Institut du végétal sur le maïs fourrage montrent qu’une densité de 20 chénopodes par m2 peut réduire de 15 % le tonnage de matière sèche. A ce résultat s’ajoute la toxicité de certaines mauvaises herbes (mercuriales, datura…) qui rendent le fourrage impropre à la consommation par les animaux.

Deux passages herbicides pour une efficacité renforcée

Plus l’intervention herbicide est tardive, plus l’impact des adventices viendra contrarier le rendement. Et c’est d’autant plus vrai qu’avec la précocification des dates de semis, le maïs couvre le sol moins rapidement, ce qui allonge la période critique de sensibilité de la culture aux adventices. Un second passage herbicide est donc recommandé pour limiter ces effets indésirables.

Les stratégies de désherbage en un passage, un passage de post-semis prélevée ou un passage de postlevée tardif, se révèlent le plus souvent décevantes avec des pertes de rendement significatives.

En cas d’application précoce, la persistance de l’herbicide peut être insuffisante pour éviter les relevées d’adventices avant que le maïs ne couvre le sol. Dans ce cas, la parcelle ne sera pas propre à la récolte et même si le rendement est peu affecté (car la concurrence des adventices sera tardive), le stock de graines d’adventices sera lui reconstitué.

En cas de désherbage tardif (au-delà de 8-10 feuilles du maïs) et sous réserve d’une efficacité satisfaisante, le champ pourra apparaître propre au moment de la récolte, mais la perte de rendement sera significative car la concurrence des adventices se sera exercée tôt, en pleine période de sensibilité de la culture.

Repères pratiques selon la flore dominante

  • La lutte contre les graminées, surtout si elles sont très présentes, se fera en post-semis prélevée ou en post-levée précoce avec des herbicides à action racinaire. Pour être efficace, le traitement doit être fait avant le stade 1-2 feuilles des graminées. Si nécessaire, il sera complété en postlevée classique par un produit spécifique à action foliaire.

    • La lutte contre les dicotylédones difficiles (renouées, mercuriale, véronique,…) se fera en deux passages, post-semis prélevée puis postlevée ou double postlevée, à définir en fonction du cortège de flore présente.

    • La lutte contre les dicotylédones classiques (morelle, chénopode…) se fera en postlevée avec un herbicide de contact.

    • Une forte présence de vivaces (liserons) nécessitera une lutte spécifique.


Pour être efficaces, les herbicides ont besoin de conditions spécifiques de sol et de climat.
Pour les produits racinaires : sol frais à l’application et de 10 à 15 mm de pluie dans les 15 jours qui suivent.
Pour les produits foliaires : temps poussant et hygrométrie de l’air supérieure à 70 % .



Bertrand CARPENTIER (ARVALIS – Institut du végétal)

 

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