Semis du lin fibre : la patience est de rigueur

Il faut attendre le ressuyage des parcelles avant de réaliser les préparations de sol et les semis.

Depuis octobre, le secteur linier a reçu des cumuls de pluie qui battent des records. Les sols sont par conséquent aujourd’hui saturés en eau. Même si les prévisions indiquent une pluviométrie plus faible pour les semaines à venir, il convient d’être particulièrement vigilant à respecter les conditions favorables au semis des linières. En effet, la culture du lin fibre est très sensible à la structure des sols. Il est donc important de respecter certaines règles avant de sortir les semoirs.

Un automne et un hiver pluvieux et doux

Les pluies sont apparues fin septembre et sont restées régulières tout au long des mois d’octobre à février. Les cumuls de pluie depuis le 1er octobre 2019 montrent des excédents sur l’ensemble de la région linière, en comparaison aux vingt dernières années sur la même période. Cet excédent est plus prononcé pour les départements du Pas-de-Calais et de Seine-Maritime où les cumuls peuvent atteindre 800 mm. Depuis les années 2000, l’hiver 2019-2020 est le plus pluvieux.

Carte 1 : Ecart du cumul de températures entre la campagne 2019-2020 et la médiane 20 ans (1999-2019) pour la période du 1er octobre au 1er mars

Les températures ont été douces au cours de l’hiver : le nombre de jour de gel est en-dessous de la moyenne des vingt dernières années pour l’ensemble du secteur (tableau 1). Les températures les plus froides rencontrées n’excèdent pas les -6°C. Dans les sols argileux, l’absence d’alternance de période de gel et de dégel aura certainement un impact négatif sur la structuration des sols, avec des mottes encore présentes.

Tableau 1 : Nombre de jours de gel sur la période du 1er octobre au 1er mars et température minimale

Rappel des conditions optimales pour un semis réussi

La période de semis du lin est définie par les conditions météorologiques, propres à la parcelle. Le respect de ces conditions est indispensable pour optimiser le développement du lin. Une linière peut être semée jusqu’à fin avril sans perte de potentiel.

LA PRÉPARATION DU SOL

Les pluies significatives à répétition de ces derniers jours empêchent tout assainissement des sols. La patience est donc de mise pour obtenir des meilleures conditions climatiques et ainsi commencer le travail de préparation du lit de semence. Il est ainsi recommandé d’attendre un ressuyage sur une profondeur d’environ 40 cm avant d’intervenir mécaniquement dans la parcelle. Le lin fibre est en effet très sensible aux problèmes de structure de sol, tels que les zones de lissage, qui peuvent être provoquées par l’utilisation d’outil à dents.

LE SEMIS DU LIN

Le semis réussi d’une linière doit avoir lieu dans un sol réchauffé (température du sol comprise entre 10 et 12°C). La température atmosphérique doit être douce (supérieure à 10°C). Pour compléter ces conditions de semis, une absence de pluie dans les 48 h est recommandée.

Lors du semis, la graine de lin doit être déposée entre 1 et 2 cm de profondeur suivant les conditions hydrométriques de la parcelle. Des conditions humides sont ainsi favorables à un semis en superficie. Pour avoir une levée homogène, il est important de semer à une vitesse réduite (6 km/h). Enfin, la densité de semis du lin doit être réfléchie pour obtenir un peuplement optimal de 1 400 à 1 600 plantes/m².

Le respect de l’ensemble de ces conditions permet alors au lin de démarrer dans de bonnes conditions. Une linière levée rapidement et de manière homogène sera moins exposée aux attaques d’altises. De plus, le recouvrement rapide du sol par le lin est un premier levier pour lutter contre le développement des adventices.

Cynthia TORRECILLAS (ARVALIS – Institut du végétal)
Benoît NORMAND (ARVALIS – Institut du végétal)
Clémence DARLEY (ARVALIS – Institut du végétal)