Quelles solutions contre les carences en soufre sur blé ?

Depuis quelques jours, de nombreuses carences en soufre se révèlent dans certaines parcelles de blé de la région. Les céréales sont en pleine montaison, souvent à 2 Nœuds : quelles solutions peuvent s’appliquer à ce stade ?

 

Comment reconnaître une carence en soufre ?

Le soufre est un élément très lessivable, au même titre que l’azote. L’année 2018 a été identifiée à risque élevé, suite à l’hiver particulièrement pluvieux. Avec plus de 350 mm de pluie, et jusqu’à 500 mm par endroit (carte 1), ces deux éléments ont été lessivés sur toute la région. Les reliquats azotés étaient d’ailleurs particulièrement faibles cette année.

Carte 1 : un lessivage important cet hiver

Cette année, les carences en soufre se révèlent dans les situations les plus à risque : sur les sols les plus filtrants (sols sableux, caillouteux ou superficiels), et parfois en sols plus profonds en cas d’impasse soufrée, ou s’il n’y a pas eu d’apports réguliers de matières organiques.

Les conditions très poussantes de ces derniers jours ont permis de fortes absorptions d’azote, mais ont aussi entraîné des besoins importants en soufre, les deux éléments étant liés dans la plante. Rappelons que le besoin en soufre du blé est de 0.55 kg/q, et les potentiels sont aujourd’hui encore très bons.

Les symptômes apparaissent en début de montaison, souvent répartis en foyers dans la parcelle. Au niveau de la plante, on observe une faible croissance, la montée des talles peut être pénalisée et les entre-nœuds peuvent apparaître plus courts. Les feuilles les plus jeunes sont d’aspect vert pâle et des stries jaunes ou vert clair apparaissent le long des nervures (photos 1 et 2).

 

 

 

Photo 1 : Carence en Soufre, plantes tassées en foyer (Source : ARVALIS)

Photo 2 : Carence en Soufre, jaunissement de la feuille la plus jeune (source : ARVALIS)

Quelle nuisibilité liée à une carence en Soufre ?

En cas de carence avérée et intense, le nombre d’épis/m² ou la fertilité des épis diminuent. Les pertes vont de 2 à plus de 10 q/ha dans la plupart des cas. Ces effets ont également été observés dans le réseau d’essais ARVALIS entre 2012 et 2015, les pertes liées à des carences très sévères allant jusqu’à plus de 20 q/ha (essais à risque en situations plus anciennes). Dans ce cas, la parcelle prend l’aspect d’un témoin non fertilisé en azote. Les pertes sont d’autant plus élevées que la carence est précoce.

Figure 1 : Gain de rendement (en q/ha) lié à une application de 40 u de soufre au stade tallage (contre une modalité sans apport) – Réseau d’essais Hauts-de-France de 2012 à 2015

Une correction possible jusqu’à 2 Nœuds

La majorité du soufre doit être absorbée avant le stade 2 Nœuds, pour répondre au besoin de la plante. C’est pourquoi, en situation à risque, les apports (de 30 à 50 kg SO3/ha) doivent être réalisés du début tallage jusqu’au stade Epi 1 cm. Une meilleure efficacité du soufre est observée à cette époque.

Toutefois, il est possible de lever une carence en soufre avec un apport réalisé au stade 1-2 Nœuds. Plus l’apport sera tardif, plus le rattrapage sera partiel, mais il n’est pas trop tard pour certaines parcelles de la région qui sont au stade 1 -2 Nœuds, voire à la sortie de la dernière feuille.

Dès l’apparition de symptômes, il est possible d’apporter 30 à 40 kg/ha de SO3. Toutes les formes de soufre se valent, en foliaire comme en apport au sol. Le sulfate d’ammonium ou l’ammonitrate soufré sont des solutions possibles. La forme de l’engrais n’influence pas l’efficacité de l’apport. Elle doit être choisie en fonction du coût et de l’équilibre avec les autres éléments apportés lorsqu’on choisit un engrais composé. Des pluies sont prévues pour les prochains jours, ce qui permettra une bonne valorisation de ces apports.

Elodie GAGLIARDI (ARVALIS – Institut du végétal)
Thierry DENIS (ARVALIS – Institut du végétal)
Anne-Sophie COLART (ARVALIS – Institut du végétal)