Maladies foliaires du blé tendre bio : faut-il intervenir ?

ARVALIS et la Chambre d’agriculture de Région Ile-de-France ont mis en place 4 essais en 2020 pour évaluer l’intérêt des solutions proposées aux agriculteurs bio pour contrôler les maladies foliaires du blé tendre. Dans le contexte 2020, l’enjeu d’une protection positionnée en préventif semble très limité.

Les principaux facteurs limitant des céréales à paille bio sont l’azote et la gestion des adventices. A l’exception des rouilles, et notamment de la rouille jaune dans la moitié nord de la France, un agriculteur récemment converti en agriculture biologique pourra s’étonner de ne jamais entendre parler de maladies du blé.

La septoriose, qui était la maladie la plus fréquente et donc la plus nuisible sur ses blés conventionnels, n’est jamais évoquée. Faut-il pour autant ne pas s’intéresser aux produits proposés visant à gérer l’état sanitaire des blés ?

ARVALIS et la Chambre d’agriculture de Région Ile-de-France se sont associés depuis l’an passé pour tenter d’apporter des éléments de réponse.

Figure 1 : Facteurs a priori en faveur ou en défaveur de la protection vis-à-vis des maladies foliaires du blé tendre conduit en AB

Le protocole commun mis en place visait plusieurs objectifs :
– tester des produits proposés aux agriculteurs bio en Île-de-France, dans différentes situations pédoclimatiques fréquemment rencontrées en bio dans la région (tableau 1) ;
– évaluer une intervention positionnée en préventif en lien avec le mode d’action annoncé des produits utilisés ;
– ne pas multiplier le nombre d’interventions (éviter plus de passages de pulvérisateur qu’un programme fongicides conventionnel – entre 1 et 2 dans les secteurs où se situent les essais) ;
– éviter au maximum l’effet nutritionnel – Pour cela, les essais ont été positionnés après des précédents légumineuses. Les blés qui suivent les légumineuses sont généralement les blés les moins carencés en azote des rotations. Ils sont donc les meilleurs candidats pour répondre à une protection foliaire.

Tableau 1 : Solutions de protection foliaire évaluées en traitement précoce dans les essais 2020

*Ce coût a été estimé en prenant en compte un prix indicatif des produits. Selon les fournisseurs, ce prix peut varier. Le coût de passage n’a pas été intégré.

Un contexte 2020 défavorable à la septoriose

Les interventions ont bien été positionnées en préventif au printemps 2020. Ce dernier a été particulièrement défavorable à la septoriose (montaison dans le sec). Aucune notation maladies n’a pu donc être réalisée. Seul l’impact sur le rendement a pu faire l’objet d’analyses.

En moyenne sur les 4 essais, la réponse maximale à l’application des produits retenus est de 1,8 q/ha.

Pris individuellement, les essais, qui sont précis, ne présentent pas de différences de rendement significatives (tableau 2).

Lorsque l’on fait la synthèse des 4 essais, l’analyse des rendements bruts met en évidence des différences significatives entre modalités (figure 2). En analysant les rendements nets (rendements bruts déduits du coût du produit), les différences deviennent non significatives (figure 3).

Tableau 2 : Résultats (en q/ha), essai par essai, d’une Protection foliaire précoce sur blé tendre bio (4 essais 2020 ARVALIS/CARIDF)

Figure 2 : Rendements bruts d’une protection foliaire précoce sur blé tendre bio (synthèse de 4 essais 2020 ARVALIS/CARIDF)

Figure 3 : Rendements nets d’une protection foliaire précoce sur blé tendre bio (synthèse de 4 essais 2020 ARVALIS/CARIDF)

En conclusion, dans le contexte 2020, l’enjeu semble limité. Ces résultats devront être consolidés par de nouveaux essais la campagne prochaine.

Delphine BOUTTET (ARVALIS – Institut du végétal)
Claude MAUMENE (ARVALIS – Institut du végétal)
Coline CAPRON (Chambre d’agriculture de Région Ile-de-France)